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352. (1709) Mandement de M. L’Evêque de Nîmes contre les Spectacles pp. 3-8

Convient-il, Mes très-chers Frères, d’étaler sur des théâtres un attirail de vanité; d’y jouer des Scènes divertissantes, et d’y remplir l’esprit et le cœur des peuples de frivoles et ridicules passions, dans des conjoncturesh où chaque citoyen doit prier pour son Prince j ; où le Roi s’humiliant le premier lui-même sous la main toute-puissante de Dieu, implore ses anciennes miséricordes ; et touchék d’une guerre que la justice et la Religion l’obligent de soutenir, met tout son Royaume en prière Prières ordonnées partout.

353. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Livre second. » pp. 2-7

Il y est même beaucoup moins répandu et fréquenté qu’en France, où chaque bourgade croit du bel air de jouer la comédie, sans penser qu’elle la donne en la jouant.

354. (1731) Discours sur la comédie « Lettre Française et Latine du Révérend Père François Caffaro, Théatin ; à Monseigneur L’Archevêque de Paris. Imprimée à Paris en 1694. in-quarto. » pp. -

Charles dont je me faisais fort ; je ne savais pas bien même ce que c’était que la Comédie Française de la manière qu’elle se joue à Paris, n’ayant jamais lu de Comédies de Molière, et n’en ayant lu que fort peu d’autres et sans application, n’ayant d’ailleurs qu’entendu parler des Rituels sur les Comédiens, sans avoir même lu celui de Paris.

355. (1643) Les Morales chrétiennes « Des Théâtres. » pp. 511-519

Ouvrir son âme aux cruelles, ou aux lascives idées de ce qui se joue sur les théâtres ; c’est la fermer aux inspirations de la grâce ; c’est perdre l’intégrité qui nous donne la vue de Dieu ; c’est n’avoir plus la confiance de nous approcher de son trône, de demander son secours, de recevoir ses lumières, et ses consolations comme ses enfants.

356. (1762) Apologie du théâtre adressée à Mlle. Cl… Célébre Actrice de la Comédie Française pp. 3-143

Un Acteur ne joue avec succès qu’autant qu’il entre dans l’esprit de son rolle, qu’il en saisi les situations & les rends : & comment arrive-t-il à ce point de perfection ? […] En effet on porte assez avec soi le caractére de son rolle ; & tel qui jouera bien le Grand, le Noble, le Majesteux, ne peut pas compter sur le même succès dans les rolles inférieurs. […] Ainsi quand elle parle chez les uns, si elle est muette dans les autres, il n’y a point de preuve plus précise que la Piéce est manquée : car enfin que joue-t-on ? […] Quand il s’agit de se mettre exactement dans les situations différentes que l’on peint : non de jouer le héros, mais de l’être : non d’offrir une image, mais de montrer l’objet : non de payer en figure, mais de donner la vérité & de s’anéantir absolument dans son rolle : n’est-ce pas ce qu’on doit appeller chef-d’œuvre de génie. […] Jouer c’est sans doute moins se divertir, que de changer d’occupation.

357. (1686) Sermon sur les spectacles pp. 42-84

Heureuse ignorance que celle qui ne sait ni les règles du Théâtre, ni les criminelles beautés des pièces qu’on y joue, et qui, se renfermant dans la sphère du Chrétien, se contente d’avoir appris Jésus-Christ crucifié. […] C’est le Démon qui vous joue, lorsqu’il vous suggère de telles réponses, et toutes vos objections au sujet des Spectacles, sont la meilleure preuve que le Démon vous tient dans ses filets. […] Mais, dites-moi, je vous prie, si le Démon voulait vous tenter, sous quelle figure plus séduisante pourrait-il vous apparaître, que sous celle de ces personnages qui jouent la Comédie ?

358. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE IX. Spectacles de la Religion. » pp. 180-195

faites-vous jouer ses innombrables habitans au milieu des flots ? […] L’oiseau vole dans le vague de l’air, le poisson se joue dans les abymes, l’homme cueille les fruits de la terre.

359. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre II. Du Théâtre Moderne, & de celui des François. Celui-ci comparé au Théâtre Grec. » pp. 25-38

De Pélerins, dit-on, une troupe grossiere, En public, à Paris, y monta la premiere, Et sottement zélée, en sa simplicité, Joua les Saints, la Vierge, & Dieu par piété.

360. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE IV. » pp. 68-81

Moliere n’avoit aucun besoin de cette précaution pour mériter son suffrage : il a joué la dévotion, parce qu’il en manquoit tout-à-fait ; son Tartuffe est le fruit de son impiété.

361. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre V. De la Parodie. » pp. 78-89

Aura-t-on de la peine à croire, que long-tems avant cet Auteur, on ne se soit joué dans des couplets malins de ceux qui méritaient la risée publique, ou dont le mérite éxtiait l’envie ?

362. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « VI. » pp. 27-35

Mais on ne comprend pas comment il est possible qu’elle soit l’allégorie d’une élection qui fasse honneur à votre Prélat, et quelques habiles que vous soyez, mes Pères, dans la fiction, certainement vous faites naufrage dès le Prélude, et votre Héros ne doit point vous savoir gré de l’avoir joué d’une manière qui donne une idée très désavantageuse de son entrée à l’Archevêché de votre Eglise ?

363. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE I. Que les Spectacles sont des plaisirs défendus. Preuves de cette défense tirées de l'Ecriture sainte, des Pères de l'Eglise, des Conciles, des Rituels, et des Lois civiles. » pp. 43-53

La pratique en est constante, et on prive des Sacrements pendant la vie, et à la mort ceux qui jouent la comédie, s'ils ne renoncent à leur Art.

364. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE III. Qu'une Mère est très coupable de mener sa fille aux Spectacles. Que c'est une erreur de croire que la Comédie soit destinée à corriger les mauvaises mœurs. Que rien au contraire n'est plus propre à les corrompre. » pp. 65-75

On en trouve les semences non seulement dans les comédies où cet Auteur joue la dévotion, et les dévots, mais encore dans la plupart des autres, d'une manière si subtile qu'il est très difficile de s'en défendre.

365. (1749) Maximes pour se conduire chrestiennement « Des Plaisirs, et en particulier des Spectacles. » pp. 233-248

Saint Antoine jouait un jour avec ses frères dans son désert.

366. (1844) Théologie morale « CHAPITRE I. Des Péchés de luxure non consommée, sections 644-651. » pp. 291-296

Le spectacle par lui-même n’est point mauvais ; on ne peut donc le condamner d’une manière absolue ; mais il est plus ou moins dangereux suivant les circonstances, et l’objet des pièces qu’on y joue ; on ne peut donc approuver ceux qui ont l’habitude de le fréquenter : on doit même l’interdire à toutes les personnes pour lesquelles il devient une occasion prochaine de péché mortel.

367. (1823) Instruction sur les spectacles « Conclusion. » pp. 195-203

Si on n’y adore plus les faux dieux, on y divinise les vices les plus honteux, on leur donne le coloris des vertus les plus sublimes ; on y avilit, on y dégrade les vertus les plus sublimes en leur faisant jouer des personnages gothiques et ridicules.

368. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE PREMIER. Comparaison des Théâtres anciens avec les modernes. » pp. 2-17

Si la Pièce de Molière, où ce caractère est représenté, ne corrige pas les Avares, qui, de peur de se reconnaître, éviteront sans doute d’aller au Spectacle lorsqu’on la jouera ; du moins on peut espérer qu’elle jettera dans le cœur des jeunes gens des semences d’horreur et d’aversion pour l’avarice qui les disposeront à se garantir de ce vice : et c’est là le grand bien que l’on doit attendre de cette Comédie.

369. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 36-74

C’est se jouer du signe de la Redemption, de l’unir aux objets dont elle a reparé le mal. […] Le Théatre n’est que le Paganisme mis en drame, chanté, joué, imité par d’autres libertins. […] Une Actrice à l’Opéra, portée sur un char ou dans une barque faisant la Venus, comme en effet dans une foule de prologues de pieces de divertissement on en joue le rôle, environnée des Graces, des Nimphes, de Danseuses, de Chanteuses de Figurantes, est à la vérité moins riche que la Reine d’Egypte ; c’est un char, une barque, un trône de carton. […] Elle joue le sentiment ; que de douceurs, de flatteries, de protestations d’amour & d’estime, de serment de fidélité !

370. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre III. Autre continuation des Mêlanges. » pp. 45-87

.° Il y a des loges particulieres pour les Comédiennes qui ne jouent pas, où elles vont voir représenter la piece, juger leurs compagnes & s’instruire elles-mêmes ; on voit autour d’elles, dit l’auteur, une troupe de jeunes évaporés comme des papillons badiner, chuchoter, singer ; les autres se donnent mille ridicules que la fatuité du siecle met au nombre des belles qualités. […] Celles de Bruxelles sont gratuites, & les actrices qui ne jouent pas les occupent. […] Il est fort embarrassé sur l’amour qu’il ne faut pas allumer, qui ne s’allume que trop par la moindre étincelle, où tout est dangereux à voir & à entendre, & criminel à consentir, qui cependant joue par-tout le plus grand rôle & où l’on rassemble tout ce qui peut en augmenter le danger, & qui seul devroit faire fuir le théatre comme l’écueil de la vertu. […] Dans tous les ordres, (les grands) énervés de molesse dans une vieille jeunesse, enfans efféminés des peres sans vigueur, bornés dans un sérail, en nobles histrions, désirer sur la scène, (les Dames) opposer aux mépris un front toujours serein, mêlans l’orgueil au vice, au faste l’imprudence des plus viles Phrinés, emprunter la licence assise dans le Cirque où viennent tous les rangs, souvent bâiller en loge à des prix différens, Sapho qui par bon ton à la philosophie joint tous les goûts divers, tous les amusemens, Sophiste en apparence, au fond coquette, Pedagogue qui gouverne la mode, met en vogue les drames qu’on joue incognito ; (le Marchand) qui déclarant trois fois sa ruine authentique, trois fois s’est enrichi d’un heureux deshonneur, & qui pourtant jouant, le grand Seigneur entretient une actrice.

371. (1756) Lettres sur les spectacles vol.1 pp. -610

L’Acteur innocemment y peut jouer son rôle. […] Nos petites filles, écrivit-elle à ce Poëte, ont si bien joué Andromaque, qu’elles ne le joueront plus, ni aucunes de vos Pieces. […] Au lieu de jouer doucement avec eux, le cruel Parterre les rudoie & les fait tomber. […] « On vient, dit un respectable Académicien75, de jouer Polyeucte : le Théatre change ; on joue l’Ecole des Maris. […] Le Misantrope est la Piece où l’on joue le plus le ridicule de la vertu.

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