Je demande, qu’elle image l’esprit se forme de tout cela, & ce qu’il conçoit d’un assemblage bisare de mots décousus, qui n’ont aucun rapport avec ce qu’on veut leur faire signifier ?
J’avais une passion démesurée pour les spectacles du théâtre, plein des images de mes misères, et des aliments du feu de ma concupiscence : « Spectacula theatrica plena imaginibus miseriarum mearum et fomitibus ignis mei. » D’où vient qu’on aime à sentir la douleur que cause la représentation de quelque chose de funeste et de tragique qu’on ne voudrait pas souffrir ?
L’injure qui est faite à Dieu rejaillit sur la face des Rois, qui sont ses Lieutenants et ses Images, et le Trône des Rois n’est affermi que par celui de Dieu.
Lorsqu’on fait dire à Aristote que l’objet de la Tragédie est de purger la Pitié ; on fait penser à un fameux Philosophe d’Athenes, qu’il faut endurcir les hommes, & purger leurs cœurs de la Compassion, c’est-à-dire, de cette Vertu qui sous ce nom Ελεος avoit à Athenes cet Autel qui fait tant d’honneur à la Grece, dont la Divinité n’étoit point représentée par une Image, parce qu’elle habite dans les cœurs, comme le dit Stace dans la belle description qu’il a faite de cet Autel, Nulla autem effigies, nulli commissa metallo Forma Deæ : mentes habitare & pectora gaudet. […] Il seroit à souhaiter que nous pûssions vivre dans la même ignorance : mais puisque nous voyons tous les jours des exemples des fureurs dont nous sommes capables, & que l’Histoire est le récit des crimes des hommes, il est permis à la Poësie de nous en retracer les images, pourvu qu’elle nous en inspire de l’horreur, ce qu’elle peut faire plus vivement & par conséquent plus utilement que l’Histoire.
On avait donc raison de proscrire le Théâtre : les législateurs voulaient inspirer de l’horreur pour l’image des mauvaises mœurs ; elle était si nue cette image, qu’il n’est pas concevable comment le Sénat n’eut pas l’autorité de l’effacer tout à fait : mais le goût effréné d’une Populace corrompue lui interdisait sans doute cette entreprise.
Briseurs d’images.
Il peint son crime par des traits qui en justifieroient le châtiment : J’ai pris pendant dix ans pour la religion, pour de saints mouvemens, mon feu, ma passion : Lorsqu’à Dieu j’ai cru rendre hommage, c’étoit toi, c’étoit toi dont j’adorois l’image.
Il s’en suit toujours que nous possédons une musique perfectionnée, telle que nos mœurs l’éxigent, & qui nous peint au naturel : sa marche grave & quelquefois légère, est l’image du Français tout-à-la-fois raisonnable & frivole.
Ils se décidèrent en conséquence, et malgré les réclamations du bon sens et de la raison, à proclamer l’existence idéale d’un Dieu véritablement formé à leur image, c’est-à-dire d’un dieu jaloux, exigeant, vengeur, irascible et cruel, d’un Dieu inexorable enfin lorsqu’il est offensé, mais qu’on pouvait cependant très facilement fléchir par la soumission aux ministres du culte et surtout par des présents et des victimes.
Ericie mérite peut-être des éloges, pour avoir offert l’image d’une Religieuse sous des couleurs étrangères : elle n’en est ni moins frappante ni moins instructive. […] Il n’en faut pas davantage, cette petite tête est renversée, & n’en revient plus : J’ai toujours devant moi cette image effroyable : De mes sens trop émus je perdis tout usage, Je détestai dès-lors cet habit de Novice, &c.
Plein des images riantes d’Homere, Théocrite, Virgile, Horace sur la vie champetre, & la douce familiarité des laboureurs & des bergers, qu’il répand à pleines mains dans ses ouvrages avec une aménité & un agrément qui enchante, il voudroit les introduire sur le théatre, & à la faveur de cette métamorphose il lui feroit grace. […] Il va se faire entendre à l’ame du Prince, & créer en elle un monde, tout ce qu’il a conçu en faveur du genre humain, & pour cela il y imprimera les traits de sa ressemblance ; rien de plus parfait que lui-même, telle étoit la pensée du Créateur quand il disoit faisons l’homme à notre image.
Si les peintures et les images immodestes ou obscènes présentent naturellement à l’esprit ce qu’elles expriment, combien plus sera-t-on touché des représentations théâtrales, où, comme dit Bossuet, « tout paraît effectif ; où ce ne sont point des traits morts et des couleurs sèches qui agissent, mais des personnages vivants, de vrais yeux, ou ardents, ou tendres et plongés dans la passion, de vraies larmes dans les acteurs, qui en attirent d’aussi véritables dans ceux qui regardent : enfin de vrais mouvements, qui mettent en feu tout le parterre et toutes les loges ; et tout cela, dites-vous, n’émeut qu’indirectement et n’excite que par accident les passions….
Il bannit même Homère, que personne n’accuse d’obscénité, parce qu’il donne aux Dieux et aux héros des sentiments vicieux d’ambition, de vengeance, de cruauté, et qu’il ne faut présenter que de bons exemples, et jamais l’image de ce qu’on ne doit pas faire ; que les pièces de théâtre ne sont que des fables ; qu’il ne convient pas d’accoutumer l’homme à parler contre la vérité, et à se repaître de mensonges, à s’amuser par des niaiseries, se dissiper par des frivolités, et se rendre frivole soi-même.
Des images douces, naïves, attendrissantes, voilà ce qui remue l’ame & l’intéresse. […] Je cherche le pinceau des Rubens & ces Vendyck, le ciseau des Girardon, le burin des Nanteuil, le génie des Mansard ; je cherche cette foule, même de simples Artisans, qui, dans le siècle dernier, ont mérité, par des chef d’œuvres, d’être mis au rang des Artistes ; je ne vois plus que de petits tableaux, de petits bâtimens23, de petites images, de petits bustes, de petits talens, en un mot, de petits hommes, qui se mordent & se déchirent les uns & les autres, se disputent & s’arrachent les sotises dont ils ont la bassesse de faire le plus honteux de tous les commerces. […] Or, comme ces Auteurs du Rempart & des Foires n’ignorent pas, comme je l’ai remarqué au commencement de ma Lettre, que la réussite de leurs chétives productions, dépend absolument du suffrage des femmes de mauvaise vie, & de la foule de leurs sots adorateurs, qu’elles y entraînent ; ces faiseurs de Parades sont comme forcés à ne parler que l’infâme langage de la Débauche, à n’offrir aux yeux que les images les plus nues, les situations les plus sales, pour capter la bienveillance du plus grand nombre des assistans ; disons, encore, que ces Auteurs savent, à n’en pouvoir douter, que les obscénités les plus révoltantes, peuvent seules faire quelqu’impression sur des esprits obtus, & sur des cœurs tout-à-fait blasés & corrompus.
Il a decouuert en Vous le parfait caractere d’vn Grand Ministre d’Estat, & sur tout vn esprit laborieux & infatigable, ce qui luy a plû infiniment ; ce Grand-Prince qui sert d’exemple à ses peuples, estant bien aise de voir son image en ses principaux Ministres, & l’amour de la gloire qui ne se trouue pas moins dans le calme que dans l’orage, & à conseruer des Estats qu’à en aquerir, l’ayant endurci dans les trauaux. […] Ils meprisent l’original sur de méchantes cópies que l’on leur expose, comme auant que d’auoir veu vne ville que nous depeint vn Voyageur chagrin à qui elle n’a pas plû, nous en formons vne triste image que l’objet dement quand nous la voyons de nos propres yeux. […] I’y vois la foudre toûiours preste, Et la flame & le plomb, qui formant dans (les airs) Vne ardente & double tempeste, Y font l’image des Enfers. […] Mais auant que d’aller plus l’oin, & d’expliquer à fond la maniere dont les Comediens se gouuernent en ce qui regarde l’interest public, voyons comme ils se conduisent dans le particulier ; & puisqu’il est vray que dans le Monde chaque Famille est vne petite Republique, & vne image du Gouuernement des grans Estats, il est bon d’examiner dans la matiere que ie traite, si les parties répondent au tout, & si entre les Comediens chaque pere de famille conduit sa maison auec autant d’ordre, qu’ils en áportent tous ensemble à bien conduire l’Estat.
Le corps porte & glorifie son Dieu, la modestie regle ses mouvemens, la mortification réprime ses passions, le travail emploie utilement ses forces, voilà les livrées de la Divinité, les traits de son image, les signes de sa présence, les rayons de sa gloire.
C’étoit la divine Emilie, Qui jusques dans ces lieux portoit L’image de ce qu’en la vie Le plus tendrement elle aimoit.
Malgré tous ces retranchemens, il n’y reste que trop encore de morale lubrique, d’images lascives, de sentimens très-peu conformes aux bonnes mœurs, & fort déplacés, j’ose le dire, dans la bouche d’un sage & d’un Ministre, & dans les oreilles d’une grande Princesse.
Tous les Poëtes sont pleins de ces images voluptueuses.
Il faudra que nous passions pour honnêtes les impiétés & les imfamies dont sont pleines les comédies de Moliere, des pieces où la vertu & la piété sont toujours ridicules, ta corruption toujours excusée & toujours plaisante, la pudeur toujours offensée & toujours en crainte d’être violée par l’image des objets les plus dangereux, auxquels on ne donne que l’envelope la plus mince, &c.