En ouvrant ta Lettre, j’ai cru que ton mari, affichant le desordre, profitait de notre absence ; pour avouer publiquement une de ces Créatures dont le crime est l’état, que l’impudence annoblit, & dont les hommes mesurent la gloire, par l’atrocité du scandale qu’elles ont donné. […] Rarement la compagne du Cultivateur éprouve, sous son toît de chaume, les atteintes de la jalousie : son époux a bien d’autres occupations que de fades amourettes : il est homme ; il en prend les peines ; il en a la dignité* : son bras fait tout. Il faut bien que sa vie honnête lui procure la plus précieuse des prérogatives, d’être le conservateur & le dieu tutelaire de sa famille ; avantage si grand aux yeux des hommes sensés, que monsieur Des Tianges ne croit faire son bonheur & le mien qu’autant qu’il en jouit. […] C’est-à-dire, qu’il devrait l’avoir : mais la dédaigneuse opulence fait remper devant elle l’homme estimable.
L’Expérience a toujours fait connaître que le Théâtre est une très méchante école de la vertu ; et que les moyens que les Poètes semblent employer pour corriger les hommes de leurs vices, sont plus propres à les y entretenir, qu’à les en délivrera […] » La pente que nous avons vers les plaisirs est trop forte pour être retenue par la seule honte, et on espère toujours la pouvoir éviter par le secret, dont on tâche de couvrir ses désordres aux yeux des hommes. […] Nous nous imaginons facilement que ceux qui remarqueront en nous ces mêmes défauts qui sont dans les grands hommes, jugeront que nous leur sommes semblables en tout le reste. […] Le mal a plus de force que le bien sur l’esprit de l’homme, et s’il se trouve une personne qui imite quelqu’une des vertus des Héros des Poètes, il y en a mille qui sont les imitateurs de leurs vices.
Quelles femmes que celles qui font métier d’amuser les hommes ! quels hommes dont le goût est d’être amusé par de telles femmes ! […] Le Mercure d’avril 1767 parle ainsi de l’Homme de Cour. […] Voilà l’homme proposé aux éloges publics de la nation par une Académie célebre. […] Ce n’est pas le dessein d’élever l’homme à la perfection de la vertu, c’est plutôt celui d’affoiblir la vertu, de l’humaniser, de l’abaisser jusqu’à l’homme.
Qui avertit l’homme d’inventer l’art de la peinture ? […] Il la regarde comme l’occupation la plus digne de l’homme. […] mais l’homme sera toujours ingrat. […] Elle devint bientôt l’idole des hommes. […] L’éxagération est trop visible pour qu’un homme de bon sens se laisse surprendre.
Hierome parlant de ses escris au liure des hommes illustres. […] la femme n’aura point les habits de l’homme, & l’homme ne vestira point les vestemens de la femme : car quiconque le faict il est abomination au Seigneur Dieu , Can. […] Les Conciles de Gangre, de Constantinople 6. les saincts Decrets anathematisent & excommunient les hommes qui s’habillent en femmes, & les femmes qui se vestent en hommes : Le Concile de Braga & le penitentiel de Rome leur enioignent de faire penitence durant trois ans auec protestation de n’y plus retourner & de s’amender à l’aduenir : S. […] n’est-il pas ainsi que tout ce qui est faict par les ministres des Demons est faux & forcené, quand vn homme affoiblissant la vigueur de ses forces & raualant son courage masle se change en vn maintien effeminé, & se comporte en ceste action auec tant de molleße & dexterité qu’il semble se repentir de ce qu’il est homme ? […] , que les peres reiettans les masques n’ont permis à aucun homme d’vser d’vne robe de femme, & à nulle femme d’vser du vestement d’homme, & ce fut le seul subject pourquoy les Anglois ietterent le sort sur la vie de la pucelle d’Orleans, d’ailleurs innocente.
On fesait ordinairement sur les enfans qu’on destinait à ce métier, la même cruauté, qu’un préjugé détestable autorise en Italie, pour conserver aux hommes une voix aiguë, toujours infiniment moins agréable que celle des femmes. […] Il veut ensuite qu’on enseigne à cet Acteur, la Musique, l’Histoire, & je ne sais combien d’autres choses, capables de faire le nom d’hommes de Lettres à celui qui les aurait apprises. […] La Musique était indispensable, puisque le Pantomime était accompagné par des instrumens ; l’Histoire ne l’était pas moins, pour se conformer aux mœurs du Personnage que le Pantomime représentait ; la Philosophie, & les connaissances qui en dépendent devaient orner l’esprit d’un homme, destiné à procurer aux autres la chose la plus précieuse & la plus difficile, du plaisir. […] Comme ils n’avaient que des gestes à faire, on conçoit aisément, que toutes leurs actions étaient vives & animées : aussi Cassiodore les appelle des hommes, dont les mains discrètes avaient pour ainsi dire une langue au bout de chaque doigt ; des hommes qui parlaient, en gardant le silence, & qui savaient faire un récit entier sans ouvrir la bouche ; enfin des hommes que Polymnie avait formés, afin de montrer qu’il n’était pas besoin d’articuler des mots, pour faire entendre sa pensée.
En effet, quelque air de sagesse et de modestie que l’on puisse donner à cette passion, elle aura toujours trop d’empire sur le cœur des hommes, pour ne pas faire une impression dangereuse sur les Spectateurs. […] Je m’imagine qu’elle leur reprocherait que, d’une femme d’honneur, ils en ont fait une prostituée, qui n’est bonne qu’à amollir et à corrompre le cœur des hommes. […] J’ajoute encore que, dans notre siècle, les amateurs de la Comédie ne s’exposent guère à recevoir des leçons que sur le Théâtre ; et que ce motif, fût-il seul, devrait suffire pour faire revivre la Comédie, s’il n’y en avait pas ; afin d’apprendre leurs vérités à des hommes qui, sans cela, les ignoreraient éternellement ; puisqu’il n’est que trop commun d’être aveugle sur ses propres défauts, pendant qu’on est si clairvoyant sur ceux des autres. […] Il n’y a rien de plus rare, ni de plus difficile, que de trouver un homme, qui, de bonne foi et sans autre intention que de bien faire, dise librement la vérité ; et à qui l’amour de la gloire, ou de la fortune, ne soit pas capable de fermer la bouche ; qui s’expose courageusement à déplaire, à recevoir des affronts et à essuyer les mépris et souvent les insultes de la multitude ; et qui s’y détermine par affection pour ses Concitoyens et par zèle pour sa Patrie. » C’est ainsi que s’exprime Dion Chrysostome. […] Concluons donc, avec les Partisans du Théâtre, que, si on abolissait la Comédie, on ferait un grand tort à la République ; puisqu’il ne resterait plus de moyen d’inspirer de l’horreur pour le vice et de donner du goût pour la vertu à ce grand nombre d’hommes qui, comme nous l’avons déjà dit, ne vont guère à d’autre Ecole que le Théâtre, et qui, sans les leçons qu’ils y reçoivent, ignoreraient, toute leur vie, leurs défauts, loin de travailler à s’en corriger.
Le temps est tout ensemble et trop lent et trop vite pour l’amour que les hommes portent aux affaires de ce monde, car il n’en donne la jouissance, qu’après beaucoup de remises, et puis il la réduit bientôt au rang des choses passées. […] Ces expressions où l’on emploie les deux sens plus familiers de l’esprit, où la parole est animée de l’exemple, où l’on voit ce qu’elle enseigne seraient extrêmement efficaces pour porter les hommes à la vertu, et les théâtres feraient en cela plus que les prédications, si l’on n’y représentait, comme autrefois, que les choses saintes. […] Tous les hommes ont naturellement l’ambition de régner ; c’est le grand sujet qui fait le plus de bruit dans le monde, qui tient les peuples en alarme, qui occupe le conseil des Princes, qui cause les guerres et les alliances, enfin l’on rapporte toutes choses à cette gloire, comme si c’était le souverain bien. […] Cependant on lui décerne des triomphes, on n’approuve pas seulement, mais on déifie ces violences qui ont versé tant de sang, et ce Démon exterminateur du genre humain, est considéré comme un homme miraculeux choisi de Dieu, pour en tenir le gouvernement. […] Il demande que les Magistrats s’opposent à cela et au commerce de semblables pièces, beaucoup plus que des poisons puis qu’elles infectent les sources de la vie civile, qu’elles étouffent l’amour de la vertu, qu’elle font un jeu des crimes, et qu’elles portent efficacement les hommes à tout ce que les lois divines et humaines leur défendent.
Cette témérité charme l’esprit naturellement indépendant & républicain de la plupart des hommes. […] On loue, on caresse, on récompense les hommes qu’on craint & les femmes dont on abuse. […] D’abord après sa mort, cet homme divin, cet homme si redouté, si employé, est tombé dans l’obscurité : on ne se souvient plus de lui que comme d’un monstre de méchanceté. […] Le théatre perdit un homme illustre, un beau génie, qui avoit de très-belles qualités. […] Voici quelques traits propres à caractériser cet homme de théatre.
Non, non, cet homme n’est pas encore saoul de mentir. […] Céans il y avait un homme qui fut blessé, et une femme tuée. […] Celui qui habite dedans icelle tour est homme de bien, et honnête personne, appelé Michel Gouille, qui assurera le même que je dis. […] Qu’est-ce donc qui peut avoir poussé cet homme de néant à ce faire ? […] [NDE] Un homme qui a des moyens bu.
Un homme de théâtre est moins soumis, moins simple, moins modeste, moins sobre, moins sujet, moins citoyen qu’un autre. […] Mais en poliçant le commerce, on n’a point corrigé les hommes, et moins encore les gens de théâtre. […] Cornelius Nepos, Philosophe d’une autre espèce, homme de naissance, homme du monde, homme de cour, prétendu Magicien, et réellement savant, n’était point scrupuleux ; il parle pourtant fortement contre le théâtre. […] Tibère, grand homme d’Etat, quoique très vicieux, chassa tous les Comédiens de l’Italie. […] Voilà la vie et la mort d’un homme de théâtre.
CONCLUSION Le Sauveur ayant prononce en saint Mathieu Chap. 18. v. 7. cet anathème : « Malheur au monde à cause des scandales ; il est nécessaire qu’il arrive des scandales, mais malheur à l’Homme par qui le scandale arrive. […] Il faut conclure nécessairement de tous les principes si solidement prouvés dans tous les Ouvrages dont j’ai fait l’Abrégé dans celui-ci, que les Comédies seront toujours défendues tant que les hommes et les femmes s’entretiendront d’amour et des autres passions sur le Théâtre, et que les Chrétiens n’y pourront aller sans péché, à cause du danger qu’il y a d’exciter ou de réveiller leurs passions, à cause du mauvais exemple, à cause qu’ils contribuent à l’excommunication des Comédiens qui exposent leur salut pour divertir leurs Spectateurs. […] Une telle disposition peut-elle s’accorder avec l’amour de Jésus-Christ, qui a donné sa vie pour le salut de tous les hommes ?
, il n’y aura point de Dieu s’il ne plaît pas aux hommes. […] donc l’on verra des Saints & des Saintes que toute l’Eglise revere comme ses veritables Heros, & ses veritables Heroïnes, representés avec un air lacif, par des hommes infames & par des femmes impudiques ? […] Toutes les choses qui sont au monde sont creées de Dieu, & toutes ces choses ont étés destinées pour le service de l’homme, & elles sont toutes bonnes, parce qu’elles viennent d’un bon principe. […] En troisiéme lieu, ceux de l’arenne ou de la carriere, qui se faisoient par la joute des hommes. […] ; Epicure en a fait le souverain bien de l’homme ; Antistene en a fait le souverain mal ; Zenon n’en a fait ny un bien ny un mal.
L’homme pénétré des fades douceurs du péché, trouvera toutes les douceurs de la grâce de mauvais goût. […] J’en dis de même du jeu, fureur qui agite les hommes comme une espèce de démon. Un homme voit rouler pour ainsi dire sa vie et sa mort, sa fortune et son infortune dans un cornet, avec des inquiétudes et des transports inconcevables. […] Un tel homme est-il bien en état d’élever son âme à son Dieu ? […] Il faut donc tirer les hommes d’erreur.
La Religion est un commerce établi entre Dieu & les hommes, par les graces de Dieu aux hommes, & par le culte des hommes à Dieu… les vertus morales sont en danger sans les chrétiennes…. […] Se peut-il qu’un Livre à la fois si sublime & si simple, soit l’ouvrage des hommes ? Se peut-il que celui dont il fait l’histoire ne soit qu’un homme lui-même ? […] Des hommes qu’il est impossible de définir. […] Celui-là, que les hommes sont des loups, & peuvent se dévorer en sûreté de conscience.
Elle doit toujours l’être, & il lui est permis de l’être, quand elle attaque d’une maniere fine & innocente les Ridicules des hommes. […] Par quelle bisarrerie l’homme qui ne souhaite que la joie, va-t’il chercher les objets qui l’attristent, plutôt que ceux qui le font rire ? […] Platon a raison de le condamner : mais il est trop severe, s’il ne permet pas aux Poëtes de faire quelquefois rire les hommes. […] Un bon Poëte Comique fait comme les Peintres, qui dans ces Portraits qu’ils nomment Charge, savent peindre un homme en ridicule, en lui conservant sa ressemblance. […] On éviteroit dans la Société un homme de Palais ne parlant que de procédures, & un Plaideur ne parlant que de ses Procès.
Mais quel homme ! […] Moliere un grand homme ! […] Moliere un grand homme ! […] L’homme est naturellement malin, sur-tout dans la débauche. […] On accuse les femmes d’être plus médisantes que les hommes.
vous allez applaudir à des hommes, dont vous détestez & l’état & les mœurs, auxquels vous seriez au désespoir de ressembler ? […] Appliquons, mes Frères, aux Spectacles de nos jours ce que disoit ce grand homme de ceux de son temps. […] Laissez-les à ces hommes oisifs, qui ont besoin de ces divertissemens pour soulager l’ennui dont les accable leur inutilité. […] Que ces hommes, déja souillés de tant de vices, se souillent encore davantage : qui in sordibus est, sordescat adhuc. Je vous l’ai dit, mes Frères, dès les commencement de ce discours : ce ne sont point de tels hommes que je veux convaincre du danger des Spectacles.
Les Personnages de femmes étoient exécutés chez les Anciens par des hommes. […] Enfin ce Passage de saint Jérôme prouve que les hommes jouoient les Personnages de femmes. […] Cet accord selon lui n’auroit rien d’admirable dans un seul homme, puisque rien n’est si naturel. […] De quelle difficulté devoit être la Déclamation de ces Acteurs obligés de se faire entendre dans un lieu qui pouvoit contenir tant de milliers d’hommes ! […] Un homme n’en est pas moins estimable, pour être (je rappelle ici les termes de Saint Augustin) peu instruit de toutes ces bagatelles : talium nugarum imperitus.
Les Dieux et les Déesses causaient tout ce qu’il y avait de grand et d’extraordinaire sur le Théâtre des Anciens, par leurs haines, par leurs protections ; et de tant de choses surnaturelles, rien ne paraissait fabuleux au Peuple, dans l’opinion qu’il avait d’une société entre les Dieux et les hommes. Les Dieux agissaient presque toujours par des passions humaines : les hommes n’entreprenaient rien sans le conseil des Dieux, et n’exécutaient rien sans leur assistance. […] Insensible aux prières et aux menaces, Polyeucte a plus d’envie de mourir pour Dieu, que les autres hommes n’en ont de vivre pour eux. […] Les idées que nous donne Lucain des Grands Hommes, sont véritablement plus belles, et nous touchent plus que celles que nous donne Virgile des Immortels. […] Aujourd’hui nous voyons représenter les Hommes sur le Théâtre sans l’intervention des Dieux, plus utilement cent fois pour le public et pour les particuliers ; car il n’y aura dans nos Tragédies, ni de scélérat qui ne se déteste, ni de Héros qui ne se fasse admirer.