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23. (1643) Les Morales chrétiennes « Des Théâtres. » pp. 511-519

Il n’y a que les comédies, où ceux qui regardent, et qui agissent commettent un même péché ; où la vue devient contagieuse et criminelle ; où ceux qui sont venus chastes, s’en retournent incontinents. […] Ouvrir son âme aux cruelles, ou aux lascives idées de ce qui se joue sur les théâtres ; c’est la fermer aux inspirations de la grâce ; c’est perdre l’intégrité qui nous donne la vue de Dieu ; c’est n’avoir plus la confiance de nous approcher de son trône, de demander son secours, de recevoir ses lumières, et ses consolations comme ses enfants.

24. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE III. Immodestie des Actrices. » pp. 57-84

Les discours artificieux du serpent ébranlèrent la premiere femme dans le Paradis terrestre, la vue d’un fruit délicieux acheva de perdre son innocence : Pulchrum visu & ad vescendum suave. […] Lorsqu’elles se sont vues attaquées sur des amusemens innocens, elles ont compris que honte pour honte il falloit choisir ceux qui leur rendoient davantage : elles se sont livrées au plaisir. […] J’ose même en appeler à la conscience ; malgré l’endurcissement où l’habitude & le mauvais exemple ont pu jeter, il n’y a pas de femme, il n’y a point de Comédienne, c’est tout dire, à qui la vue d’elle même ne cause des remords. […] Elle dit dans son cœur comme César, & ne dit que trop vrai : Je suis venue, on m’a vue, j’ai vaincu ; mais c’est par mes graces que je triomphe, je ne dois rien qu’à moi-même. […] qui peut plus sûrement, plus promptement produire cet effet, que la vue des nudités ?

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