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350. (1781) Lettre à M. *** sur les Spectacles des Boulevards. Par M. Rousseau pp. 1-83

En vous faisant l’éloge, Monsieur, des avantages du Théatre, comme je suis vrai je ne puis vous dissimuler qu’il a aussi ses abus & son côté faible2. […] Cette idée, aussi vraie que terrible, ne devrait-elle pas suffire pour faire murer, dès aujourd’hui, des repaires si dangereux ! […] D’abord est-il bien vrai qu’il faille des Spectacles pour le bas Peuple, (car c’est de lui qu’on entend parler), Et pour les gens oisifs ? […] Mais est-il vrai que les Trétaux servent à faire découvrir les mauvais sujets ? […] félicite-toi d’avoir un Monarque qui connaît tes vrais intérêts, & qui saisit les occasions de te prouver qu’eux seuls reglent tous les mouvemens de son cœur !

351. (1639) Instruction chrétienne pp. -132

Nous avons donc délibéré avec l’assistance de Dieu, de faire voir aux vrais Chrétiens, en ce petit traité, le danger dedans lequel ils se jettent les yeux fermés ; et d’autant plus grand, qu’ils se rendent aveugles volontaires aux lumières de la vérité, pour se plaire aux œuvres de ténèbres. […] Il est vrai, que les Théâtres et spectacles comiques et tragiques, n’ayant point été en usage parmi le peuple d’Israël, nous ne trouverons pas ès écrits des Prophètes, qu’ils y soient rédarguésan en termes exprès, qui est aussi une des défenses de ceux qui ne se veulent point corriger sur cela. […] Et de vrai, on y pourrait apporter tant de précautions, que le danger serait beaucoup diminué, Mais ce serait, au regard de ces gens-là, la République de Platon, ou l’Utopie de Thomas Morus, qui ne serait qu’en Idée. […] Il est vrai, et j’ajoute encore quelque chose davantage ; que cela ne se fait plus, où autrefois il s’est fait ordinairement. […] Il est vrai que lors en plusieurs lieux on nourrissait les acteurs de ces déshonnêtes voluptés : mais tout était rempli et gorgé de biens.

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