Dans mon sort ravalé je sais vivre en Princesse, Je fuis l'ambition, mais je hais la faiblesse. »
Comme l’âme Chrétienne doit avoir ses récréations, et vivre avec joie sans mélancolie. […] Cette ruse est semblable à celle dont se servit le même Satan, pour décourager le peuple d’Israël, du voyage vers la terre promise ; il porta les espions (que Moïse avait envoyé pour la considérer, et pour en apporter des nouvelles) à persuader au peuple, « Que l’air était fort mauvais en ce pays-là, qu’on n’y pouvait pas vivre longuement, que les habitants étaient des géants si prodigieux, qu’ils mangeaient les autres hommes comme des locustes. […] Je fais voir en ce paragraphe, que tant s’en faut que cela soit, qu’au contraire on veut, et on y commande de chasser la mélancolie, de se recréer, et se débander l’esprit, et vivre toujours en joie. […] qui est fort édifié, et qui excite en soi un désir de la vertu, voyant le plaisir, et la joie, avec laquelle vivent ceux qui l’aiment, et qui la pratiquent, expérimentant véritable, ce que Salomon a dit de la sagesse ; « La Conversation qu’on a avec elle est exempte d’amertume, de dédain, et de dégoût, vivre avec elle est être en joie continuelle. […] qui traitant des vertus, en ont mis une qu’ils appellent Eutrapélie, laquelle préside aux jeux, et aux récréations, et met le milieu, ou la médiocrité en icelle, retranchant les deux extrémités ; l’une est vivre avec une austérité trop grande, sans vouloir converser avec les autres, et se recréer, faisant toujours une vie sauvage, et quasi farouche : l’autre extrémité est, vouloir toujours rire, jouer, se recréer, de façon, que cela soit plutôt occupation et vacation, qu’un simple divertissement.