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304. (1685) Dixiéme sermon. Troisiéme obstacle du salut. Les spectacles publiques [Pharaon reprouvé] « La volonté patiente de Dieu envers Pharaon rebelle. Dixiéme sermon. » pp. 286-325

Helas, M. l’auriez-vous jamais crû, que dans l’état present du Christianisme, & que dans des villes bien policées on eût ouvert des écoles publiques pour y enseigner le vice, & pour y corrompre les bonnes mœurs ; comme si la nature gâtée comme elle est, jusques dans son fond, n’étoit pas une assez sçavante maîtresse pour enseigner toutes sortes de vices aux enfans ; cependant c’est ce qui se pratique tous les jours dans la comedie, où l’on enseigne non seulement l’art d’aimer, qui fit bannir autrefois un Poëte de Rome, mais encore l’art de commettre le peché avec esprit, & de conduire une intrigue avec adresse ; d’où il arrive que le poison de l’amour, aussi bien que celuy du plaisir, qu’Arnobe appelle, lenocinia voluptatum , venant à couler par les yeux & par les oreilles de ce jeune homme, & de cette jeune fille, il s’insinuera si avant dans leurs ames & dans leurs cœurs, qu’ils se rendront les veritables Acteurs de la piece, qu’ils ont vû representer par les Comediens, & feront qu’on verra dans le parterre ou dans la ville la scene de ce qui s’est joüé sur le theatre. […] Cependant cét homme de qualité se feroit un crime contre l’honnesteté de n’y pas mener cette Dame, & cette Dame se feroit un plus grand scrupule d’honneur que de conscience, de refuser la civilité du galant-homme, & de se refuser à elle-même ce plaisir, ils y vont donc de compagnie, & en traînent plusieurs à leur imitation : d’où il arrive que cét exemple forme une espece de loy dans une ville, l’Artisan & le Bourgeois y voudront aller aussi bien que le Gentilhomme & le Magistrat, & alors on verra dans tous les quartiers, & dans toutes les assemblées, ce qu’a prevû, & predit S. […] Ainsi le service divin est abandonné, la Religion est deshonorée, les Sacremens sont profanés, il faut que Dieu sorte d’une ville, si-tôt que les Comediens y seront entrés, & il faudra desormais fermer toutes les Eglises où l’on celebre nos mysteres, & toutes les écoles où on enseigne la vertu, sitôt qu’on ouvrira la sale de la comedie, parce qu’elle est, privatum consistorium impudicitiæ , le serrail privé où l’on donne des leçons du crime, & la Synagogue du diable où on celebre des mysteres d’iniquité.

305. (1782) Le Pour et Contre des Spectacles « Seconde lettre contre les spectacles. » pp. 60-145

Armand de Bourbon, Prince de Conti, âgé de 37 ans, après avoir observé, tant à la Cour qu’à la Ville, les effets du Théatre, dit, que l’Instruction n’est point la fin d’une piéce de Théatre ; cette fin, ajoute ce Prince, n’est véritable, ni dans l’intention du Poëte, ni dans celle du Spectateur… « Le désir de plaire est ce qui conduit le prémier ; le second est conduit par le plaisir d’y voir peintes les passions semblables aux siennes. […] C’est pourquoi dans la Ville d’Utrecht, en particulier le 5 d’Avril 1771, la Comédie fut défendue. […] Y a-t-il moins de mœurs, moins de Réligion, moins de fidélité dans les femmes, moins de pudeur dans les filles, moins de docilité dans les enfans, dans les Villes où il n’y a pas de spectacles ? […] Un Chirugien Major d’un Regiment Suisse, en garnison dans cette Ville, il y a 6 ans, avoit un garçon agé de 12 ou 13 ans. […] Permettez qu’à ce fait j’en ajoute un autre, encore plus récent, arrivé aussi dans la même Ville !

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