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89. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XIII.  » p. 468

C'est encore un très grand abus, et qui trompe beaucoup de monde, que de ne considérer point d'autres mauvais effets dans ces représentations, que celui de donner des pensées contraires à la pureté, et de croire ainsi qu'elles ne nous nuisent point, lorsqu'elles ne nous nuisent point en cette manière ; comme s'il n'y avait point d'autres vices que celui-là, et que nous n'en fussions pas aussi susceptibles. […] Plus il colore ces vices d'une image de grandeur et de générosité, plus il les rend dangereux et capables d'entrer dans les âmes les mieux nées ; et l'imitation de ces passions ne nous plaît que parce que le fond de notre corruption excite en même temps un mouvement semblable, qui nous transforme en quelque sorte, et nous fait entrer dans la passion qui nous est représentée.

90. (1783) La vraie philosophie « La vraie philosophie » pp. 229-251

Les meilleures Pieces laissent toujours de vives impressions de quelque vice. […] Les victoires du vice sont assurées sur les Théatres : ses attraits y sont toujours efficaces, parce que le cœur de l’homme, combustible par sa nature, est toujours disposé à s’enflammer à la moindre étincelle des passions, dont il possede tous les germes. […] Peres & meres, quelle instruction pour vos enfans, où les hommes faits ont bien de la peine à se défendre de la séduction du vice ! […] L’objet de la plupart des drames même les plus estimés, n’est-il pas de nous peindre sans cesse des intrigues amoureuses, des vices que l’on s’efforce de rendre aimables, des désordres faits pour séduire la jeunesse inconsidérée, des fourberies capables de suggérer les moyens de mal faire ? […] Les valets, les soubrettes, les confidens des Théatres ne sont que des fourbes vendus à toutes sortes de vices, dont on emploie l’industrie : on suit les conseils, & on récompense les honteux services.

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