Il y en a d’autres qui n’ont pour but que de fournir à l’homme tout ce qui est necessaire pour l’esprit, soit pour l’eleuer aux belles connoissances, soit pour le former à la vertu, & luy donner de l’horreur du vice. […] Les autres suiuent la plus agreable & la plus aisée, ils font profession d’enseigner en joüant la belle science, qui est aujourd’huy celle du Monde, & de porter doucement les hommes à haïr le vice, & à cherir la vertu. […] Toute la morale roule sur la sagesse & la folie du monde ; & cette folie est inseparablement attachée au vice, comme la sagesse l’est à la vertu. […] Il ne peut souffrir qu’on le joüe, & qu’on le fasse passer pour sot ; il aime mieux se corriger de sa sottise, & en quitant le ridicule du vice, il en quite ce qu’il y a de malin, il le quite tout entier. […] Comme la belle Comedie qui donne agreablement sur le vice & l’ignorance est estimée de tous les honnestes gens, celle qui a de sales jdées n’a pas toute leur áprobation.
Il est des ornemens qui font honneur, qui rappellent des événemens intéressans, des actions honorables, comme la Croix de Saint Louis, le Cordon bleu, & la plupart des Ordres de Chevalerie, quoique souvent ce ne soit qu’une décoration qui couvre de grands vices ; mais que dit une queue ? […] On doit ces métamorphoses au théatre, où il est ordinaire d’en prendre mutuellement les habits, la parure, les mœurs, les sentimens, les manieres, les foiblesses & les vices, comme le rouge & les rubans, ce que si communement on emprunte de lui dans le monde.