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38. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre V.  » pp. 129-160

plutôt Moliere a corrompu les mœurs, allumé les passions, nourri les vices, donné de fausses couleurs au désordre, des excuses au libertinage, du ridicule à la vertu. […] Ce n’est donc ni le besoin de la fable, ni l’instruction des spectateurs, encore moins l’intérêt de la vertu, qui fait mettre de la galanterie ; c’est le besoin du vice (affreuse verité) on ne met l’amour que pour l’amour, le vice seul le rend nécessaire au spectateur libertin : Trahit sua quemque voluptas. […] Sans vice plus d’auteur, d’acteur, de spectateur, encore moins d’actrice & de spectatrice, sans ces assaisonnemens plus de théatre. […] (Sur les vices trop réels & trop nombreux des femmes.) […] C’est un vice de climat : vraisemblablement il durera toujours, à moins que quelque heureuse révolution dans la mode, ne fasse abolir la comédie, que la frivolité & le vice sont parvenus à faire croire nécessaire.

39. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VIII. Sentimens de S. Chrysostome. » pp. 181-192

Ce seroit offenser Dieu doublement d’acquérir des biens par des voies illégitimes, & de les prodiguer pour des objets défendus, favoriser, soutenir le spectacle, entretenir des Acteurs & des Actrices, payer & honorer le vice, & fournir les occasions de péché ? […] Il y répand l’abomination de tous les vices. […] Nous avons beau vous instruire, vous exhorter, vous purifier de vos vices, vous laver de vos iniquités, pour peu que vous retourniez au spectacle, vous y contractez de nouvelles souillures, & plus grandes encore dans vos mœurs, vos paroles, vos ris, votre parure. […] (expression singuliere, mais vive, qui marque que le vice à la faveur du plaisir s’insinue dans l’ame par l’oreille, comme l’harmonie des sons, & que le théatre est un accord de traits séduisans, comme l’orchestre fait un chœur de musique). […] nous vous instruisons, & on vous égare ; nous vous corrigeons, & on vous corrompt ; nous vous donnons des remèdes, & on vous fait des blessures ; nous tâchons d’éteindre le feu du vice, & on l’allume.

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