Elle peut représenter une action vertueuse, pour encourager les hommes à la pratique de la vertu, ou une action vicieuse, pour leur faire éviter le sentier du vice. […] Cette maxime leur enseigne à semer quelques fleurs sur le chemin de la sagesse & de la vertu, dans lequel ils veulent les faire marcher : cette maxime condamne ces maîtres durs & impérieux, qui dégoûtent de faire le bien par la maniere dont ils le dépeignent, & qui semblent avoir moins à cœur d’inculquer dans l’esprit de leurs Disciples les divines leçons de la sagesse, que de leur prouver qu’ils sont eux-mêmes des sages par excellence.
Si Madame de Maintenon qui avoit contribué à l’en éloigner, avoit voulu l’y ramener, elle eût combattu ses propres principes, & détruit ses exhortations : elle imagina d’avoir un théatre chez elle, où le choix des piéces, ma décence des représentations, la pieté des acteurs & des actrices, écartant les dangers des spectacles publics, pussent calmer les allarmes que donne la vertu. […] Il appretie Moliere avec justice, il contribua à défaire le public des importuns subalternes (les petits maitres) de l’affectation des précieuses, du pédantisme des femmes scavantes, de la robe & du latin des médecins, & fut un législateur des bienséances du monde ; mais cette saine morale, cette école de vertu, cette réforme des mœurs qu’on veut donner à Moliere, fait rire, ou plutôt fait pitié ; on plaint l’aveugle qui le croit ou l’avance, & le public qui est la victime de son libertinage.