La régularité de la fondatrice faisoit dresser le théatre chez elle, & venir les comédiens jouer avec les Princesses. […] 19 que Louis XIV autrefois avoit exigé que le Doge vînt lui faire des excuses à Versailles, avec quatre Sénateurs ; on en ajouta deux pour l’Impératrice Reine (dont la dignité étoit supérieure) mais elle mit sa gloire à réfuser ce que Louis XIV avoit exigé, elle crut qu’il y avoit peu d’honneur à humilier les foibles, & ne songea qu’à tirer des contributions, dont elle avoit plus de besoin que du vain honneur de voir le Doge de la petite République de Genes avec six Genois au pied du Trône Impérial, c’est un poëte dramatique qui parle ici ; un autre avoit dit : Allez, Doge, allez sans peine, vous jetter à ses genoux, la République Romaine en eût fait autant que vous. […] Il travailla lui-même comme le plus simple artisan, il fit venir en Moscovie, à grands frais, toute sorte d’artistes ; mais jamais il ne daigna penser au théatre, il n’étudia point l’art de la déclamation, ni la danse, ni la musique, il ne parut point sur la scéne, comme sur les chantiers d’Amsterdam, il ne demanda ni comédiens ni comédiennes, il ne bâtit aucun théatre dans ses États ; il étoit trop grand pour s’amuser à ces miseres.
Venons au fond de la question. […] Vous qui savez si bien réunir dans une même personne deux caractères si opposés, comment n’avez-vous pas senti que Joseph rapporte cet amour vivement, mais simplement, pour ne pas déroger à son caractère d’Historien ; au lieu que si Joseph avec tout l’artifice que fournit cet art, où vous vous êtes rendu si célèbre ; s’il venait, dis-je, avec toutes les richesses de la Poésie peindre les transports d’un mari passionné pour sa femme, quoique cette maladie ne règne guère en France, je ne doute pas qu’il n’y eût des maris assez sensibles pour s’attendrir à cette chaste représentation : la question est de savoir si le fruit en reviendrait à leurs épouses légitimes. […] Venons à ce que vous dites, que si la Comédie rectifiée et prise en elle-même, ne laisse pas d’être mauvaise, il faut bannir des Eglises les peintures les plus innocentes, comme les Vierges agréables de visage, les Suzanne et les Madelaine.