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125. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre III. De l’Unité de lieu, de Tems & de Personne. » pp. 211-238

La raison d’une pareille faute vient, sans doute, de ce qu’on craindrait d’ennuyer, si l’on ne soutenait ce genre de Pièce par un grand Spectacle. […] Venons à l’Unité de tems. […] Je ne sçais si tout le monde est comme moi, mais quand un personnage vient dire au Théâtre qu’il est trois heures ou midi, je sens s’évanouir l’illusion que je m’étais faite, je m’apperçois que je suis à la Comédie. […] C’est un tableau sans ombre, & dont toutes les figures viennent à la fois frapper la vue. […] Toute réfléxion faite, je suis presque tenté de regarder ce Drame comme une galerie de portraits, qui viennent frapper la vue chacun à leur tour, & dont l’un fait oublier nécessairement l’autre.

126. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE VII. Histoire de la Poësie Dramatique moderne. » pp. 176-202

Saverio, la faisoit venir tous les ans à Rome pendant le Carnaval, attention qu’eut pendant tout le tems de son Pontificat ce grand Mæcenas des Gens de Lettres. […] On doit croire l’Ouvrage de Scuderi parfait, parce que, dit Sarasin, cet Oracle a été prononcé par Armand, le Dieu tutelaire des Lettres, la honte des Siécles passez, la merveille de ceux qui sont à venir, le divin Cardinal de Richelieu. […] Japhet faisoient rire le Peuple : Moliere vint, & fut bientôt en état de dire à des Personnes qui n’étoient pas du Peuple, & qui rioient à ses Comédies : Pourquoi riez-vous ? […] Voilà ce que des Italiens éclairés ont pensé de cette Musique qui a corrompu la nôtre : mais nous voulons toujours admirer ce qui nous vient des Etrangers, bonté qu’ils n’ont pas pour nous. […] Trois jours après, le Parfumeur étant venu lui demander son payement, en eut pour réponse, qu’il avoit changé de sentiment, & qu’il pouvoit faire du corps ce qu’il voudroit.

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