Après l’avoir entendu, il lui fit reproche de cet exercice honteux, et lui demanda comment il pouvait se résoudre à représenter devant tant de monde des choses qu’il savait n’être pas véritables ? […] Mais quelle compassion peut-on avoir des choses feintes et représentées sur un Théâtre, puisque l’on n’y excite pas l’auditeur à secourir les faibles et les opprimés, mais qu’on le convie seulement à s’affliger de leur infortune ; de sorte qu’il est d’autant plus satisfait des Acteurs qu’ils l’ont plus touché de regret et d’affliction ; et que si ces sujets tragiques et ces malheurs véritables ou supposés, sont représentés avec si peu de grâce et d’industrie, qu’il ne s’en afflige pas ; il sort tout dégoûté et tout irrité contre les Comédiens ? […] Mais sans nous débattre sur les mots de blasphême et d’idolâtrie ; qu’appellez-vous les pompes du monde, qu’appellez-vous les pièges de satan, qu’est-ce que mépris de la véritable Religion, insulte à la Majesté de Dieu, corruption des bonnes mœurs, si ce n’est cela ? […] L’Auteur de la Lettre aurait bien mieux fait, s’il avait employé son esprit et sa plume à détourner les Lecteurs de toutes les folies du monde, et à les porter à ne rechercher que les joies véritables du Ciel, et ces biens si excellents, que l’œil n’en peut voir la beauté, que l’oreille n’en peut entendre la douceur, et que le cœur de l’homme n’en peut concevoir le prix, À Dieu seul soit l’honneur et l’Empire dans tous les siècles des siècles.
Ces trois espéces de lecteurs tirent-elles un véritable avantage des ouvrages agréables ?