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317. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre V. Du Luxe des coëffures. » pp. 115-142

C’est ainsi qu’on l’a toujours entendu à l’Opéra, & sur tous les théatres du monde, où les Dieux & les Déesses viennent figures ; & dans la vérité cette parure n’est point naturelle. […] C’est un Quaker à la vérité qui parle, mais c’est la raison & la religion qui lui dictent la Morale. […] C’est le revenant bon de leur chaste métier ; on a partagé cette tête creuse, on en a conservé le derriere, en le perfectionnant ; ce n’est plus qu’une calote ; elle avoit autrefois des cheveux empruntés, soit en peinture, ou en plâtre, ou réellement attachés, ce qui faisoit des chevelures blondes, noires, bouclées, frisées au gré de l’acteur, aussi-bien que les sourcils & la barbe, selon son goût ; on a conservé le derriere qu’on a rendu plus commode par des perruques à reseau, qu’on porte par-tout, aulieu que les anciens masques ne pouvoient servir que sur le théatre ; ils auroient été aussi incommodes que ridicules, par ce moyen, à peu de frais, & sans embarras, le vieillard rajeunit, la laide s’embellit, l’abbé, le magistrat se déguisent, la femme se travestit en homme, & l’homme en femme, on prend comme sur le théatre, les attributs du rôle qu’on veut jouer, & ce qui est très-commode, la moitié de la toilette se fait chez le baigneur, d’où l’on porte une très-belle tête toute faite, qu’on adapte au visage qu’on vient de fabriquer, ainsi se continue la comédie ; car la vie d’un joli homme, d’une jolie femme, n’est dans l’exacte vérité, qu’une comédie perpétuelle, où l’on joue les mœurs, la Réligion & le bon sens ; ces masques mobiles de la tête, font quelquefois sur le théatre & dans les piéces, les plus ridicules, le spectacle le plus comique, César qui étoit chauve, ne trouva d’autre coëffure pour cacher ce défaut, qu’une couronne de laurier.

318. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Du Fard. » pp. 143-168

O n verra avec plaisir, un extrait du Poème de la Magdeleine, qui est devenu fort rare ; cet ouvrage fait par un Carme, de Provence, dit de bonnes vérités : mais c’est un chef-d’œuvre de ridicule, par la maniere burlesque de les dire. […] Sabatier, homme de beaucoup d’esprit, qui dit plus élégamment de pareilles vérités. […] Son libertinage qui l’avoir livrée à toute sorte d’amans, malgré ses deux mariages, fut un peu modéré par la crainte de la jalousie de l’Empereur, qui ne l’auroit pas épargnée, aussi faisoit-elle la prude avec lui, se réfusant quelquefois à ses desirs, alléguant la sainteté de son mariage, & dans la vérité pour mieux irriter sa passion, par dès refus étudiés ; mais elle se dédommageoit en le portant à toutes sortes de débauches ; elle en fut la victime dans un de ces momens de brutalité qui étoient ordinaires, à ce Prince Néron piqué de quelque raillerie qu’elle lui avoit faite, sur son adresse à conduire un char, lui donna un si grand coup de pied, quoiqu’elle fût enceinte, qu’elle en périt avec son fruit.

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