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36. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre IX. Les spectacles nuisent au bonheur et à la stabilité des gouvernements. » pp. 96-101

On voit que dans les grandes villes, qui sont communément des sentines infectées par le vice, les usages et les institutions humaines, loin de rendre les citoyens plus sages et plus heureux, contribuent très souvent à les rendre insensés et misérables. […] N’est-il pas à craindre que la nation où l’usage des spectacles s’est établi ait le même sort que les Grecs et les Romains, qui ne furent détruits que pour s’être livrés à la mollesse ?

37. (1702) Lettre de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour. Lettre de Lettres curieuses de littérature et de morale « LETTRE. de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour, qui lui avait demandé quelques réflexions sur les pièces de Théâtre. » pp. 312-410

Ceux qui ont de l’indulgence pour les spectacles, disent qu’il en faut raisonner comme des autres jeux, dont l’usage n’a rien de criminel, et peut être permis, quand il est modéré. […] Or les Casuistes les plus rigides et les plus austères ne défendent point l’usage de certains jeux, pour le délassement de l’esprit ; pourquoi donc défendre les spectacles, quand on y assiste avec toutes les précautions nécessaires ? […] Ce n’est donc pas l’état des Comédiens qu’il faut condamner, ni la Comédie en soi ; on ne peut condamner que l’excès, et l’abus qu’on en fait ; car si tout ce que l’on voit à la Comédie, est réglé par la raison ; si l’on y observe les règles d’une exacte bienséance ; si dans la perfection où elle est maintenant, on pousse cette délicatesse jusqu’au scrupule, pourquoi en défendrait-on l’usage ? […] Cet usage était ordinaire ; de sorte que le sage Caton, assistant un jour au Théâtre, et étant averti, que les Romains, par le respect qu’ils portaient à son caractère, n’osaient demander que les jeunes filles et les jeunes garçons parussent tout nus sur le Théâtre ; il se retira, pour ne pas priver le peuple de ce plaisir brutal, et pour n’être pas lui-même témoin de cette infamie, dont la gravité de Caton aurait été offensée. […] Les Lacédémoniens, qui se piquaient d’une morale si austère, ne voulurent jamais laisser introduire dans leur République l’usage de la Comédie, de peur qu’elle n’amollît les courages, et qu’elle n’altérât la pureté des mœurs.

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