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278. (1752) Essai sur la comédie nouvelle « ESSAI SUR LA COMEDIE MODERNE. » pp. 1-160

… … … … … « que les contorsions De tous ces grands faiseurs de protestations, Ces affables donneurs d’embrassades frivoles, Ces obligeants diseurs d’inutiles paroles, Qui de civilités avec tous font combat, Et traitent du même air l’honnête homme et le fat : Quel avantage a-t-on [dit le Misanthrope] qu’un homme vous caresse, Vous jure amitié, foi, zèle, estime, tendresse, Et vous fasse de vous un éloge éclatant, Lorsqu’au premier faquin il court en faire autant ? […] Il remonte à la source du mal ; elle est, selon lui, dans les Auteurs et les Acteurs comme dans les Spectateurs ; mais il la trouve singulièrement dans les Auteurs, qui perdent à tout moment de vue et la fin et le but du sujet qu’ils se mêlent de traiter. […] Voilà de ces matières qu’il n’est pas effectivement permis à tout le monde de traiter, et qui ne vont pas avec celles dont il s’agit ici.

279. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Huitième Lettre. De la même. » pp. 100-232

Si mon esprit avait la vigueur de celui du fixe fort, j’en dirais bien davantage : mais je sens que je me lasse : une même matière, traitée trop longtems m’excède : ma vue troublée ne voit plus qu’un assemblage confus de Décorations, d’Acteurs, d’Actrices… les dernières sur-tout… mais c’est un mal nécessaire. […] Il était bien capable de traiter ce sujet autrement, & je pense qu’il l’eût fait, s’il n’avait été qu’honnête-homme & auteur : mais il était Comédien, & Chef de Troupe ; la Recette imposait silence à la Gloire. […] Il y a bien d’autres sortes d’invraisemblances extérieures (qui sont les seules dont je parle, parce qu’elles n’ont pas été traitées) : la première est celle des habits ; la seconde est celle du geste, du ton, de l’air, de la démarche ; une troisième sorte, qui ne regarde aujourd’hui que l’Opéra, c’est celle des Danses, & même celle de la Musique, qu’on nommera mieux inconvenance, &c. je dois en dire un mot sous le titre Acteurs . […] C’est ce qui fait qu’on ne peut lire sans indignation, quel usage fesaient les Romains des jeunes Princes Asiatiques, qui leur étaient remis en ôtage : ils ne négligeaient rien pour les corrompre & les efféminer, en les rabaissant à l’humiliant emploi d’amuser la populace de Rome sur le Théâtre : ils les traitaient comme des Esclaves, afin de leur en inspirer la vileté & les sentimens.

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