On les tire de dessous le tombeau de dix ou douze siècles. […] Il faut donc tirer les hommes d’erreur. […] C’est l’emblème des mondains ; tout le jour ils nagent dans les voluptés de la chair, quelquefois par de faibles élans ils essayent de se tirer de là, et de s’élever aux cieux ; mais il leur en arrive justement comme à ces oiseaux aquatiques, dont le vol ne va qu’à friser de leurs ailes la superficie des eaux, et qui retombent incontinent.
A Montauban trois ans avant sa prise, il se joua une histoire par les Clercs de la ville, qui avait été tirée du vieux Testament appelée l’Assyrien de Perse, où étaient contenus plusieurs beaux incidents trop longs à déduire, le Sieur Charnier un des plus doctes de son temps, et qui a fort écrit, fit l’avant-propos de ce poème. […] A La Rochelle pendant la Mairie du Sieur des Herbiers, se représenta une Tragi-comédie tirée de l’histoire Romaine, dans le Collège où avaient été autrefois les Prêtres de Sainte Marguerite, où il y avait grand nombre de Spectateurs, et plusieurs Ministres, entre lesquels je reconnus le Sieur Salbert, La Chapelière, le Blanc, et Bonis. […] Je suis honteux que ce Révérend Père reproche aux Comédiens, qu’ils emploient toutes sortes de ruses et d’inventions, pour suspendre nos esprits, et que par de subtiles amorces ils chatouillent nos sens en telle façon, que les facultés de notre âme en demeurentr offensées ; Je ne sais d’où il a tiré cette doctrine, et de qui elle est autorisée si c’est de son caprice, ou de quelque esprit aussi blessé de l’imaginative que lui ; car je suis étonné qu’une telle faiblesse soit sortie de la pensée d’un Religieux ; Je crois que le plus grand charme par lequel ils tendent à captiver et arrêter les Curieux, c’est par le seul mérite de leurs poèmes, et non par aucune autre considération. […] Mais il ressemble à ces estomacs indigestes qui rejettent ce qu’ils ne peuvent digérer, ou pour mieux dire à ces mouches cantharides qui sucent le venin, d’où les abeilles tirent leur miel. […] Amant où sa plume n’ait tiré quelque trait d’invective, pour forger des armes contre les plaisirs de la vie ; Et immoler la Comédie sur l’autel de sa passion.