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279. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VIII. Assertions du Théâtre sur le tyrannicide. » pp. 130-174

Quoique de toutes les pièces tirées de l’Ecriture, Athalie soit celle où l’on a le plus fidèlement suivi le texte sacré, on y a ajouté des circonstances qui ne servent qu’à justifier l’attentat. […] Cela peut être ; mais cette protection n’aurait pas tiré ce poème de la foule, si l’autorité royale et l’ascendant de la vertu, qui sait la faire estimer même sur le théâtre, ne lui eussent donné la plus grande faveur. […] Mais malgré ces distinctions je condamnerai toujours le tyrannicide, même dans les cas qui sont rapportés dans l’Ecriture, où l’on ne voit pas que Dieu l’ait jamais approuvé, quoiqu’il en ait tiré sa gloire pour l’exécution de ses desseins, aussi bien que de tant d’autres crimes. […] Je vais prendre sa place, et bravant le danger, Tirer Rome des fers, me perdre ou la venger.

280. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre premier.  » pp. 2-36

Il décrit l’opération magique qui doit faire renaître Moliere, (il faloit dire revivre ;) c’est lui-même, on le voit, aussi-tôt on tire un rideau, & on voit son buste élevé au milieu du Pautheon, cette idée est puérile & risible ; une vraie résurrection donne les personnes, & non pas leur buste : c’est lui même, on le voit, sans bras ni jambes, voilà Moliere bien estropié, il l’est en effet ; dans l’assemblée a-t-on besoin d’évocation pour avoir un buste. […] Quoiqu’il en soit, l’auteur aussi embarrassé que son héros, ne sachant comment se tirer d’affaire, dit, d’un ton attendrissant, n’ayant rien trouvé pour bâtir une comédie, nous ne pouvons honorer un bon pere, qu’en lui présentant ses-enfans tous bien pauvres, n’ayant que la robe que ce bon pere leur donna il y a cent ans, elle est bien usée. […] Quel fut l’étonnement de cette Princesse, lorsqu’on lui répondit que sa grande piété la trompoit, & qu’elle pouvoir calmer ses allarmes, puisque l’Abbé Bergier son confesseur, lui permettoit d’assister à cette piéce, & même l’avoit approuvée : une Duchesse de la Cour, instruite de cette circonstance, fit prier l’Abbé de venir chez-elle, & lui dit que s’intéressant à sa réputation, elle désiroit d’apprendre de lui-même, les moyens de le disculper, d’avoir donné son approbation à une pièce si scandaleuse, qu’il les lui donnat par écrit pour les faire valoir en tems & lieu ; il s’en tira très-mal, on n’a pas soupçonné sa foi ; mais on ne doute pas de sa négligence ; il a prétendu qu’on avoit corrompu la piéce depuis son approbation, en insérant plusieurs morceaux ; cela n’est pas impossible.

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