On convient, répliquera peut-être quelqu’un, (car il faut être de bonne foi) on convient que la concupiscence est mauvaise ; que loin de l’entretenir, il en faut réprimer les faillies ; que la réprésentation des passions illégitimes ne peut que les exciter ; mais qu’est-ce que cela conclut contre le Théâtre ? […] Le Théâtre dépouille ces passions de tous ce qu’elles ont de grossier ; il ne fait paroître que celles qui ont une fin honnête, & qui ont le mariage pour but. […] Or est-ce ainsi que l’expérience nous apprend qu’on en juge au Théâtre ?
Et en cas que lesdits Comédiens contreviennent à notre présente Déclaration, nous voulons que nos dits Juges leur interdisent le Théâtre, selon la qualité de Faction ; sans néanmoins qu’ils puissent ordonner plus grande peine que l’amende, ou le bannissement. Et au cas que lesdits Comédiens règlent tellement les actions du Théâtre, qu’elles soient du tout exemptes d’impureté ; nous voulons que leur exercice, qui peut divertir nos peuples de diverses occupations mauvaises, ne puisse leur être imputé à blâme, ni préjudicier à leur réputation dans le commerce public. […] [NDE] Reproduite par le Père Joseph Voisin, La Défense du traitté de Monseigneur le Prince de Conti touchant la comédie et les spectacles, ou la Réfutation d’un livre intitulé Dissertation sur la condamnation des théâtres, Paris, Louis Billaine, 1671, p. 317-318.