Qu’il jette en après les yeux sur la terre, dont la masse est comme vn point enuironnée du Ciel, & suspenduë auec les montagnes qui luy sont attachées. […] Au dessus de nous & plus bas que le Ciel il verra l’air auec ses regions, qui eschauffe & vegete la terre, qui a vn soin particulier de sa nourriture & de ses productions, qui se resserrant luy ouure ses canaux & fait creuer les nüées pour luy donner la pluye quand elle en a de besoin, & qui vne autre fois se dilate, se rarefie, & r’appelle sa premiere serenité pour luy donner le beau-temps, & ne rien oublier de ce qui peut estre à son soulagement. Bref il verra les parties du mõde frequentées par diuer habitans, les hommes sur la terre, les oyseaux dans l’air, & les poissons sous les eaux. […] Et pour la derniere face du Spectacle, il verra le diable qui auoit reduit sous sa dominatiõ toute l’estenduë de la terre habitée, captif aux pieds de Iesvs-Christ, & contraint de reuerer ses loix, & d’orner le triomphe de sa croix, de ses propres dépoüilles.
Un chrétien, disent les saints Pères, est un citoyen du ciel qui, exilé pour quelque temps dans une terre étrangère, ne doit soupirer qu’après cette patrie céleste, pour laquelle il est destiné ; qui, ne perdant jamais de vue la perfection à laquelle il est obligé de tendre, doit marcher sans cesse dans la voie de Dieu pour y atteindre ; et qui, ne jugeant des choses de la terre que par le rapport qu’elles ont avec l’éternité, s’interdit tout ce qui peut l’attacher au monde, aux créatures, pour ne s’attacher qu’à Dieu. […] Un chrétien, qui a promis d’embrasser la croix de Jésus-Christ et de mourir au monde, de faire vivre son Sauveur en lui, et de continuer sa vie sur la terre, peut-il se trouver dans des assemblées où règne l’esprit du monde, où on apprend à vivre comme lui, à se conformer à ses maximes, à ses coutumes, et à ses usages criminels ?