Mes très chers Frères, Nous voyons avec douleur depuis quelque temps, l’affection et l’empressement que vous avez pour les Spectacles, que nous avons si souvent déclarés contraires à l’esprit du Christianisme, pernicieux aux bonnes mœurs, et féconds en mauvais exemples, où sous prétexte de représentations et de musiques innocentes par elles-mêmes, on excite les passions les plus dangereuses, et par des récits profanes et des manières indécentes, on offense la vertu des uns, et l’on corrompt celle des autres. […] Mais puisque c’est une habitude de plaisir et une espèce de libertinage qui se renouvelle tous les ans, nous connaissons que ce n’est plus le temps de se taire, et qu’un plus long silence pourrait vous donner lieu de penser que nous tolérons ce que l’Eglise condamne, et que nous condamnons avec l’Eglise. […] Ceux qui sont nés dans les lumières de la Foi et de la Religion Catholique, ne rougissent-ils pas d’avoir part à ces œuvres de ténèbres : Mais vous, Mes très chers Frères, qui êtes sortis du sein de l’hérésie, quand ce ne serait qu’en apparence, dans le temps où vous viviez dans le libre exercice de vos erreurs, osiez-vous, ou par crainte, ou par conscience approcher de ces spectacles que vous fréquentez aujourd’hui. […] Les Spectacles, quand ils seraient innocents, ne doivent-ils pas être défendus dans ces temps de tribulation ?
Dans la suite, elles présiderent aux assemblées du Peuple ; dicterent des Loix, & répandirent, sur tous les Etats où elles furent accueillies, une célébrité qui triomphe encore de la mort & du temps. […] C’est un reste de barbarie, me direz-vous, dont nous triompherons avec le temps. […] Ils trouvoient le secret d’inspirer au Peuple les sentimens les plus convenables à l’état où il se trouvoit, & les résolutions les plus glorieuses dans les temps de calamités. […] Delà, ce tas de Brochures éphémères qui absorbent un temps précieux, & qui contribuent plus qu’on ne pense à dégrader l’esprit en le rendant oiseux & incapable d’une sérieuse application. […] Livrés à des travaux si intéressans, ils verront, avec douleur, approcher le temps où l’on viendra les arracher de leur paisible retraite pour les faire entrer dans le monde, & les obliger de se livrer à la dissipation.