Je ferais tort à la Poésie de Mme de Tagliazucchi si je la touchais davantage : je sens combien elle s’altère sous ma plume, c’est ce qui me force à ne pas vous donner un plus long échantillon de ses talents. […] Vous entendrez dans tous ces lieux faire l’éloge le plus distingué des talents de Mme Tagliazucchi. Pour vous faire juger de ses talents en peinture, puisse-t-elle se rendre au conseil que je lui donne de faire paraître ses ouvrages à Paris. […] l’expérience ne vous convaincra pas de ce que l’éducation peut produire chez les Dames ; vous leur refuserez les talents des hommes après avoir lu les ouvrages des Gournay, des Dacier, des Scudéry, des Villedieu, des Sévigné, des Du Châtelet, des Graffigny, des Du Boccage, etc. […] C’est que la Noblesse d’Italie chérit les talents, les protège à grands frais, et se fait honneur de les cultiver elle-même.
Matthieu, qu’un serviteur qui n’avait point employé son talent de crainte de le perdre, fut condamné de son maître ; son maître lui dit : Je ne vous avais pas commandé de tirer du profit de votre talent, mais de le distribuer : Erogatorem te posueram, non exactorem ; quare non dedisti pecuniam meam, et cum usuris exegissem eam ?