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9. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome I « La criticomanie — Autres raisons à l’appui de ce sentiment, et les réponses aux objections. » pp. 154-206

Et si l’auteur, d’ailleurs aussi excusable et aussi estimable qu’un autre, s’étant conformé à un ordre de choses, ou à un usage qu’il a trouvé établi et bien reçu, pour faire plus d’effet encore, pour nous causer une plus profonde impression et une plus grande colère contre ce grand méchant, ne l’a pas fait en même temps voleur, assassin, empoisonneur, c’est qu’il ne l’a pas voulu ; car ces défauts sont concevables aussi dans le cœur d’un tel homme, et leurs traits ne nuiraient pas beaucoup plus à la vraisemblance du tableau. […] C’est donc incontestablement les vices que les criticomanes dramatiques, auxquels on peut joindre l’action plus lente d’auxiliaires romanciers, ont perfectionnés par leurs inventions ingénieuses, par leurs tableaux superbes et savants d’événements aussi rares qu’odieux. […] Maintenant, faisons abstraction de leurs inconvénients, et examinons plus directement de quelle utilité pouvaient être ces tableaux hideux bordés de vertus. […] On a dit dès lors à peu près comme on dit aujourd’hui en leur faveur, que les ouvrages dramatiques sont la plus précieuse, la plus salutaire, la plus substantielle nourriture qu’on puisse donner à notre âme et à notre esprit ; qu’on trouve dans leur recueil un cours complet de morale, les tableaux touchants des plus sublimes vertus, la peinture fidèle des mœurs, les observations les plus profondes sur les faiblesses humaines, les travers et les vices combattus avec l’arme du ridicule par des satires sanglantes ; les grands hommes ressuscités avec leur caractère, et leurs formes imposantes. […] Et dans le même temps on disait contre à peu près aussi ce que disent les modernes contradicteurs, tout en rendant justice à l’art et aux talents de nos bons auteurs : que le recueil de ces ouvrages ne contient que des peintures dangereuses des passions les plus entraînantes, que des tableaux corrupteurs ; qu’on y voit l’intérêt sollicité le plus souvent en faveur du crime ; une plaisanterie perfide faisant naître le rire au lieu d’exciter l’indignation ; travestissant les vices en défauts brillants, les travers en agréments, les conventions théâtrales excluant la vraisemblance, le caprice des auteurs dénaturant les faits et les caractères ; des sentiments outrés, des mœurs postiches et des maximes bonnes pour amollir les cœurs et égarer l’imagination.

10. (1751) Avertissement (Les Leçons de Thalie) pp. -

[frontispice] Les Leçons de Thalie ou les Tableaux des divers ridicules Que la Comédie présente : Portraits, Caractéres, Critique des mœurs, Maximes de conduite propres à la Société [...] […] Dans le second point de vue, la Comédie est un tableau où l’on voit des caractères, des portraits, une critique fine des mœurs, des exemples de vertu et des sentiments d’honneur, le vice démasqué, le sot orgueil confondu.

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