*Les premiers courans s’estimoient les plus heureux, soit qu’ils creussent qu’il y eust de l’avantage à donner le premier plaisir, à prevenir le goust, & à saisir l’opinion & le suffrage des spectateurs, soit qu’en effet les seconds objets & les plaisirs reïterez soient sujets à trouver plustost de la satieté, & du rebut parmy les spectateurs, si l’on en croit Symmachus, le dernier lieu fut aussi favorable, & mesme plus avantageux que le premier. […] Ie sçay à peu prés ce que quelques modernes contestent sur ce sujet : & ce qu’ils pretendent établir sur l’authorité des anciens ?
« Si l’on veut regarder la Comédie dans son progrès et dans sa perfection, dit ce pieux Prince, soit pour sa matière et pour ses circonstances, soit pour ses effets ; n’est-il pas vrai qu’elle a traité presque toujours des sujets peu honnêtes, ou accompagnés d’intrigues scandaleuses ? […] Je pense qu’il souffrirait assez impatiemment dans les unes, ce qu’il respecte tant dans les autres, et que dès qu’il verrait cette sévérité tant vantée dans un sujet auquel il prendrait quelque intérêt, il reconnaîtrait bientôt ces fausses vertus pour ce qu’elles sont, c’est-à-dire, pour des vices véritables.