Quant à moi, qui ai le bonheur de les détester, qui ne m’y trouve jamais que pour juger par mes propres yeux, de tout ce que j’en entends dire, je n’y apperçois que de ces femmes de bien, qui, suivant le diction populaire, se comportent fort mal ; je n’y vois que des Laïs, qui, dans des chars magnifiques, osent insolemment défier la Princesse, par leur faste odieux, fruit de leur libertinage & de leur impudence12 ; je n’y reconnais que des faquins à paillettes ; je n’y suis coudoyé, pressé, poussé, avancé, reculé, culbuté, que par une valetaille impertinente ; je n’y remarque que des voitures d’emprunt, un luxe de crédit, & des sots attroupés ; je n’y avale qu’une poussiere affreuse, je n’y respire que des odeurs infectes, je n’y entends que des propos de canaille, ou les juremens de quelques Créanciers, qui apperçoivent dans de brillans équipages, le Marquis parvenu, qui se pare de leurs dépouilles, ou la Nymphe des chœurs, qui dans sa chasse roulante, ressemble à une Pagode que l’on promene aux yeux d’un Peuple hébêté, pour attirer ses vœux & ses offrandes. […] Non : le jour suivant leur fournit de nouveaux sujets de dissipation, ils y courent ; mais l’ennui sombre, vengeur du tems mal employé, les poursuit jusques sur ces Trétaux, où ils cherchent vainement un asyle contre lui. […] Mais quel amour peuvent conserver pour le vrai beau, & pour le bon, des jeunes gens, qui, devenus esclaves de quelques viles courtisannes, ne voyent plus que par leurs yeux, ne pensent plus que d’après elles, n’agissent plus, enfin, que suivant l’impulsion qu’elles leur donnent ? […] Dans ma Lettre suivante, Monsieur, j’espere que j’aurai l’honneur de vous convaincre de la nécessité de ce second Théatre, & de la possibilité d’y procurer, au plus bas prix, des entrées au petit Peuple, qui est le seul pour lequel réclament mes Adversaires.
Pas d’autres que les suivantes.