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89. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre VII. De la Vraisemblance. » pp. 277-286

Un Frère est assez barbare pour envoyer à son Frère une boète remplie de poudre, & disposée de façon qu’en s’ouvrant elle fasse périr le malheureux objet de sa rage ; nous en sommes assurés ; pourtant un pareil tableau mis sur la Scène, révolterait tous les Spectateurs ; parce qu’il peindrait des choses trop éloignées de la Nature : il est possible qu’un Père, livré au fanatisme, ait pendu lui-même son Fils, mais on refusera toujours de croire une pareille probabilité. […] Un Dieu peut descendre tout-à-coup changer la face d’une intrigue, ou faire terminer une Pièce dont le dénouement devenait trop difficile ; mais je doute que les Spectateurs voulussent se contenter d’un tel moyen, employé ailleurs qu’à l’Opéra-sérieux : une maison peut s’écrouler, tel personnage peut être atteint d’une maladie imprévue ; mais on se moquerait du Poète qui aurait recours à de semblables expédiens. […] Or, quel doit être la surprise des Spectateurs, chaque fois qu’on la représente, de voir arriver Mercure, de n’entendre parler que de Jupiter, tandis que l’action parait être moderne, & que les habits, les discours même des Acteurs, servent à nous en convaincre ?

90. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre V. De la Parodie. » pp. 78-89

Lorsqu’elle était chez les Grecs travaillée par une mais habile, elle devenait la critique délicate d’une Tragédie célèbre ; elle en relevait adroitement les fautes ; des allusions fines avertissaient le Spectateur de ce qu’elle avait en vue. […] Faut-il que les Spectateurs d’un Drame bouffon rient toujours à gorge déployée ? […] Cependant comme on lui préfère les Ariettes, je dois conseiller d’en orner les Parodies modernes, si l’on a dèssein qu’elles attirent des Spectateurs.

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