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386. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PRÉFACE. » pp. -

Je sais que, depuis quelques siècles et presque depuis l’établissement du Théâtre moderne, tout ce qui a été écrit, soit pour blâmer les Spectacles en général, ou pour les corriger, n’a pas été favorablement reçu du Public : et que c’est une entreprise qui a toujours essuyé les plus vives contradictions : je ne serais donc pas surpris de voir le Lecteur indisposé contre moi sur le seul titre de mon Livre. […] J’avoue donc avec sincérité que je sens dans toute son étendue le grand bien que produirait la suppression entière du Théâtre ; et je conviens sans peine de tout ce que tant de personnes graves et d’un génie supérieur ont écrit sur cette matière : mais, comme il ne m’appartient pas de prendre le même ton, et que d’ailleurs les Spectacles sont permis et soutenus par l’autorité publique, qui sans doute les permet et les soutient par des raisons que je dois respecter, il serait indécent et inutile de les combattre dans l’idée de les détruire : j’ai donc tourné mes vues d’un autre côté ; j’ai cru que du moins il était de mon devoir de produire mes réflexions, et le plan de réformation que j’ai conçu pour mettre le Théâtre sur un autre pied, et pour le rendre, s’il est possible, tel que les bonnes mœurs et les égards de la société me paraissent l’exiger : c’est ce que je ne pouvais entreprendre dans le temps que j’étais Comédien, pour les raisons que l’on trouvera dans le corps de mon Ouvrage.

387. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VI. Suite de la Danse. » pp. 140-167

Il y a une raison physique qui doit éloigner de la danse, qui ne se trouve point dans les spectacles ; elle fatigue le corps, & nuit à la santé. […] Et où respecte-t-on moins le mariage qu’au spectacle & au bal ? […] Notre siecle en a fait un spectacle régulier & suivi, que donne un corps de danseurs, où tout le monde est reçu en payant. C’est un spectacle tout en danses, qui dure toute la nuit, & ne donne aucune peine, ni aux Auteurs pour composer des pieces, ni aux Acteurs pour jouer des rôles ; il n’y a aucun dessein, aucune suite. […] Outre le ridicule de la plûpart de ces productions, il y avoit de l’indécence de laisser en spectacle les personnes du plus haut rang, en les faisant danser quelquefois même avec les Acteurs.

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