Jérémie ceux qui lui firent souffrir tant de maux ; et Zacharie les Scribes et les Pharisiens tels que la sainte Ecriture nous les représente....
Le mari placé dans sa cachette, et les autres sortis, elle reste seule avec lui et lui tient à peu près ce discours : qu’« elle va faire un étrange personnage et peu ordinaire à une femme de bien ; mais qu’elle y est contrainte, et que ce n’est qu’après avoir tenté en vain tous les autres remèdes ; qu’il va entendre un langage assez dur à souffrir à un mari dans la bouche d’une femme, mais que c’est sa faute ; qu’au reste l’affaire n’ira qu’aussi loin qu’il voudra, et que c’est à lui de l’interrompre où il jugera à propos ». […] Ce qui était vrai, mais c’était pour l’impudence avec laquelle Panulphe avait d’abord soutenu et détourné la chose : « et comme elle a quitté la place, de douleur de le voir en danger de souffrir une telle confusion : qu’au reste il peut bien juger par quel sentiment il avait demandé de le voir en particulier, pour le prier si instamment de refuser l’offre qu’on lui fait de Mariane pour l’épouser ; qu’elle ne s’y serait pas tant intéressée, et qu’il ne lui serait pas si terrible de le voir entre les bras d’une autre, si quelque chose de plus fort que la raison et l’intérêt de la famille ne s’en était mêlé : qu’une femme fait beaucoup en effet dans ses premières déclarations, que de promettre le secret ; qu’elle reconnaît bien que c’est tout que cela, et qu’on ne saurait s’engager plus fortement ». […] Excellente adresse du Poète, qui a appris d’Aristote, qu’il n’est rien de plus sensible, que d’être méprisé par ceux que l’on estime, et qu’ainsi c’était la dernière corde qu’il fallait faire jouer ; jugeant bien que le bonhomme souffrirait plus impatiemment d’être traité de ridicule et de fat par le saint Frère, que de lui voir cajoler sa femme jusqu’au bout ; quoique dans l’apparence première, et au jugement des autres, ce dernier outrage paraisse plus grand. […] Loin donc, loin d’une âme vraiment chrétienne ces indignes ménagements et ces cruelles bienséances, qui voudraient nous empêcher de travailler à la sanctification de nos frères partout où nous le pouvons : la charité ne souffre point de bornes ; tous lieux, tous temps lui sont bons pour agir et faire du bien : elle n’a point d’égard à sa dignité quand il y va de son intérêt ; et comment pourrait-elle en avoir, puisque cet intérêt consistant, comme il fait, à convertir les méchants, il faut qu’elle les cherche pour les combattre, et qu’elle ne peut les trouver, pour l’ordinaire, que dans des lieux indignes d’elle ?