Heureux sont les Plaideurs, Dont le sort dépendra de pareils Rapporteurs. […] C’est à-peu-près le sort de la plupart des Auteurs Dramatiques, à sept à huit près, qui ont réussi. […] Sors des cendres, Rome Payenne, Viens te reproduire à nos yeux, Viens confondre Rome Chrétienne, Et ses Prêtres ambitieux, Du sein de la vertu féconde, Oppose ces vainqueurs du monde A tous ces Prêtres imposteurs, A tous ces frauduleux Pontifes, Qui sur des livres opocrifes Fondent leur culte & leurs erreurs. […] A l’occasion du spectre qui sort du tombeau de Ninus, dans la tragédie de Sémiramis, que Voltaire avoit envoyée au Cardinal Quirini, & qui l’avoit reçue favorablemeut, voici ce qu’on dit des Catholiques & du Cardinal, l’un des plus savans du sacré College, d’ailleurs le plus honnête homme & le plus aimable, mais point Déiste. […] Non, l’Etre tout-puissant ne se met point en peine Des rôles que je joue, & du sort qui m’attend.
Augustin confesse, que l’amour qu’il a eu pour les spectacles, a été pour lui un attrait à la volupté, et qu’il n’en est jamais sorti si chaste qu’il y était entre, parce que tout ce qu’on y entend, débauche les sens, séduit l’esprit, et corrompt le cœur. […] En effet, ne voyons-nous pas par expérience, que la naïveté malicieuse dans la bouche d’une jeune Comédienne, qui fait l’innocente Agnès, a débauché plus de femmes, et corrompu plus de Vierges, que les écrits les plus licencieux de ce Philosophe, qui fut autrefois chassé d’Athènes, parce qu’il se vantait que personne ne sortait chaste de son écoled. […] L’extérieur d’une fille mondaine ainsi parée, découvre assez clairement les différentes pensées de son âme ; elle désire ardemment d’être trouvée belle, sa prétention est d’attirer auprès de soi les garçons les plus divertissants, les plus agréables, les mieux faits, les plus enjoués, et les plus galants ; elle veut faire des conquêtes, et gagner des cœurs ; elle se préfère à toutes les autres Filles ; elle se tient fière, et prend un air de grandeur pour survendre ses appas, et se faire mieux valoir ses attraits ; elle ne sort de son logis, qu’après s’être regardée et considérée plusieurs fois ; elle porte encore un miroir de poche, pour se mirer dans tous les lieux où elle va ; son image, que ce miroir lui représente, lui plaît infiniment ; elle prend en elle-même un repos orgueilleux ; cherchant à l’entour d’elle des approbateurs qui soient de son sentiment ; c’est-à-dire en un mot, que cette âme superbe et dédaigneuse est toute remplie de vanité, de présomption, de vaine gloire, et de tous les autres mouvements, que la sensualité et l’orgueil ont coutume d’inspirer ; son cœur en est tout enflé et tout bouffi. […] On ne devient pas libre dans l’esclavage : car lorsqu’on converse avec les femme, Platon dit qu’il en sort de certains esprits lymphatiques, qui s’unissant à ceux qui sortent de nous, forment la chaîne qui nous serre, et nous captive ; ce sont des vapeurs malignes qu’exhale notre concupiscence, qui se joignant à celles qu’elles rencontrent, s’épaississent et se condensent, en sorte qu’il se fait une espèce de soudure qui unit et qui attache l’un à l’autre inséparablement ; de sorte que comme pour séparer deux choses étroitement unies, il faut faire des efforts violents, et mettre de l’espace entre deux, de même il faut absolument que vous vous résoudiezl à vous séparer de toutes les compagnies dangereuses, et vous en éloigner de fort loin, de peur qu’elles ne vous rejoignent, et ne vous fassent revenir dans votre premier état.