Ce sont des tours que joue une sorte à un jaloux, qui dans la crainte des infidélités ordinaires à celles qui ont de l’esprit, l’avoit exprès élevée dans l’ignorance, pour mettre son honneur en sûreté, en l’épousant. Le vice est si commun que les sortes ne sont ni plus vertueuses ni moins fourbes que les autres. […] Cependant, comme le vice, toûjours semblable à lui-même, viole les mêmes loix, trouve les mêmes obstacles, a les mêmes intérêts à ménager, il régne sur le théatre une sorte d’accord & un systême de dépravation, tout tend au même but ; on sent que le démon dirige sa marche, combine les principes, fait agir les ressorts.
A plus forte raison s’interdit-on la représentation, plus dangereuse que la lecture, de toutes ces pieces : licence de représentation qui doit être sans bornes, puisque la plûpart des scènes Italiennes, comme on peut voir dans Ghérardi, ne sont ni apprises par cœur, ni composées, mais de simples esquisses, une sorte de canevas, sur lesquels chaque Acteur & chaque Actrice fait toutes les postures, & dit tous les mots qui lui viennent dans la tête, eh, quelle tête ! […] C’étoit une espèce de foire, où il vint de toute sorte de Marchands débiter leurs marchandises, entr’autres trois cens Batteleurs & quatre cens Courtisannes, l’un ne va point sans l’autre, quoique à la vérité ce nombre soit un peu fort. […] Ces vieillards trompés, ces jeunes gens amoureux, ces filles séduites, ces valets si lestes pour servir les amours de leurs maîtres, cet amas de toute sorte de désordres, étalés sur la scène pour l’éducation publique, avec tout l’agrément dont on peut s’aviser, faut-il pour le trouver, remonter au temps de ce Poëte astronome ?