Il lui a formé une compagne aimable, semblable à lui, qu’il lui a unie par des liens indissolubles ; il lui fait naître d’autres lui-même qui lui font tous les jours goûter les douceurs de la société, les charmes de la tendresse & du respect ; il peut avec des amis vertueux, par un commerce de sentimens, de services & de plaisirs, goûter des délices pures & innocentes ; des exercices honnêtes, un travail conforme à son goût & selon ses talens, n’est pas moins utile à sa santé qu’amusant & récréatif ; la campagne lui déploie ses richesses, & paye avec usure le soin qu’il prend de la cultiver, les arbres lui présentent des fruits, les prairies font éclorre des fleurs, les troupeaux font couler des ruisseaux de lait, il peut déclarer une guerre innocente aux habitans de l’air.
Ce Comédien lui répondit, comme le prétend notre Apologiste, qu’il n’y avait point de mal à dire et à faire des choses fausses, quand ce n’est que par divertissement : mais Solon plus éclairé et plus sage en cela que l’un et l’autre, frappant avec indignation la terre de son bâton, déplora le malheur des hommes qui souffraient un tel désordre, et dit ces belles paroles qui devraient confondre tous les partisants de la Comédie : « Nous souffrons et nous approuvons la fausseté dans les divertissements, nous la verrons bien-tôt, par notre faute, s’insinuer dans les sociétés et dans les Contrats. » Ovide lui-même qui a tant publié de Fables, et dont on a tiré tant de sujets pour des Comédies, ne laisse-pas de reconnaître de bonne foi que ces représentations sont la cause de beaucoup de désordres. […] ou à une hirondelle, pour fuir la société du monde, et me cacher dans un trou des déserts avec les bêtes sauvages, où l’on trouve plus de fidélité que parmi les hommes ; et achever ainsi ma carriere dans une tranquillité exempte de douleurs, de soins et d’ennuis ; et que je fusse en cela seulement different d’elles, que conservant l’usage de la raison, je pûsse élever mon esprit dans le Ciel, et jouir dans une sérénité invariable de cette clarté immortelle ; en sorte que comme du sommet d’une haute montagne, je donnasse d’une voix éclatante comme un tonnerre, cette grande instruction à tous les hommes : O mortels ! […] La Politique se contente de défendre et de punir les péchés qui sont nuisibles à la société humaine, ou qui ont quelque difformité criante, comme les impiétés et les impuretés qui font horreur.