langage, sujet, habit, mélange de sexe, caractère de rôles, rien n’échappe au prudent législateur : « Tragediarum et comediarum quas nisi latinas et rarissimas esse oportet argumentum sit latinum et pium, nec quidquam actibus interponatur quod non sit latinum et decorum, nec persona mulieris vel habitus interponatur » (Reg. rect. de ration. stud. n. […] Ainsi écarte-t-on le danger des spectacles ordinaires : mélange des sexes, parures, nudités, attitudes efféminées, discours libres, tendres, galants, passions vives, vivement rendues, qui toujours se récitant en français, font peu d’impression dans une langue étrangère. […] « Que les tragédies et les comédies, qui ne doivent être qu’en latin, et dont l’usage doit être très rare, aient un sujet saint et pieux ; que les intermèdes des actes soient tous latins, et n’aient rien qui s’éloigne de la bienséance ; qu’on n’y introduise aucun personnage de femme ni jamais l’habit de ce sexe. » On trouve cent traits de cette sagesse dans les règlements de ce vénérable Institut, et on voit en particulier sur les pièces de théâtre, qu’avec toutes les précautions qu’on y apporte pour éloigner tous les abus de ces représentations, le meilleur est après tout qu’elles soient très rares. […] Ces pièces sont-elles toutes saintes, toutes en latin, même dans les intermèdes, nul rôle de femme, nul habit de ce sexe, nul déguisement ?
Il est vrai, que les anciens Pères, en parlant de la sorte, avaient principalement en vue certains jeux de théâtre, qu’on appelait Majuma, dont les Empereurs firent retrancher ce qu’il y avait de plus dissolu, et de plus honteux : mais quelque réforme qu’on y ait fait, saint Chrysostome ne laisse pas de les appeler des écoles d’adultère et de libertinage : non pas qu’on représentât des actions sales sur le théâtre, ce que ces pieux Empereurs n’auraient pas souffert ; mais parce que les Comédiens de l’un et de l’autre sexe ne s’étudiaient qu’à se servir de paroles et de gestes affectées, qui n’étaient propres qu’à remplir l’esprit de mille idées impures et le cœur de mauvais désirs. […] Car enfin si un seul regard jeté sur une personne d’un sexe différent, même dans l’Eglise, est capable d’avoir des suites criminelles ; que doit-on penser de ceux qui se font avec une pleine liberté dans ces lieux, où l’immodestie, et l’impudence triomphent impunément ? […] parlant des vêtements dont chacun doit se servir par rapport à son sexe et à son état, que c’est une action vicieuse et condamnable de sa nature, qu’un homme se travestisse en femme ou une femme en homme. « De se vitiosum est, quod mulier utatur veste virili ; et è converso ». […] que la différence qu’il doit y avoir entre les habillements ordinaires qui sont propres aux deux sexes, et qu’il ne spécifie pas le changement qui s’en fait dans la représentation des pièces de théâtre ; mais la maxime qu’il établit, en disant, que c’est une chose mauvaise de sa nature, de se vitiosum est, que les hommes se travestissent en femmes, ou les femmes en hommes, suffit pour condamner cette pratique, excepté dans le cas de nécessité, où la Loi n’oblige pas.