« C’est dans ces assemblées, dit-il, où les personnes de différent sexe se trouvent, et où les hommes et les femmes s’accoutumant à se regarder trop librement, donnent lieu à des mouvements et à des désirs qui ne servent qu’à irriter davantage la concupiscence : le loisir qu’ils prennent pour se donner un divertissement qui leur doit servir de relâche, est une occasion qui augmente en eux le feu des passions. […] Secondement, si l’on regarde les circonstances qui accompagnent les Comédies, elles sont ordinairement mauvaises, quelque honnête qu’en soit le sujet ; l’on n’y voit que des femmes parées qui ne s’étudient qu’à plaire à ceux aux yeux desquels elles s’exposent, qui dans leurs ajustements, dans leurs gestes, dans leurs actions, dans leurs regards, dans leurs paroles, n’ont rien qui ne blesse la modestie de leur sexe, qui ne respire que la vanité et l’esprit du monde.
Des salles somptueuses dans lesquelles la jeunesse de la Nation de l’un & de l’autre sexe, appellée par sa naissance ou par des dispositions naturelles & des talens supérieurs, à des emplois publics, ou destinée à paroître à la Cour, viendroit à la sortie des classes & des couvents, apprendre à s’énoncer avec décence & avec graces, & représenter des jours mémorables choisis dans l’histoire, devant une multitude de spectateurs qui n’auroient acheté le droit d’y entrer, que pour contribuer aux sommes immenses que produiroit ce droit, seroit peut-être le projet le plus beau que l’on pourroit exécuter, pour la renaissance des lettres qui ont dégénéré, pour l’éducation de la jeunesse encore imparfaite, & pour le bien & l’avantage général de la Nation.