Car a ton quelque spectacle sans auoir vn idole ; voyons nous vn seul des jeux du cirq, qui ne soit accompagné du sacrifice & des effusions ; & quels combats y font les payens qui ne soient dediés à la memoire impie des défunts. […] Dans ces lieux où les débauches fleurissent auec excés, quelle posture peut tenir vn Chrestien à qui les seules pensées du vice sont des crimes ; quelle satisfaction a t’il de voir l’impureté dans son throsne ; prend-il plaisir à voir tant d’objets & de marques d’infamie, pour estre puis après moins honteux & plus libertin ; & ne considere t’il point que pour auoir souuent veu faire le mal, on apprend à le faire aussi par coustume. […] Que ces Spectacles sont rauissants, veritablement ils meritent seuls la meditation d’vn Chrestien, car quel cirq ou quel theatre peut disputer de gloire & de beauté auec toutes ces merueilles ? […] Il verra toutes les creatures soumises au Createur, excepté l’homme seul qui luy est rebelle, il verra les mers se resserrer & estre à sec pour la commodité du peuple esleu ; & pour le soulager vne autrefois, il verra les eaux reiaillir en abondance des pierres & des rochers. […] Ces Spectacles (mes freres) sont curieux & diuertissants, ils sont seuls dignes de vous, & c’est vn plaisir indicible de les aimer, ainsi que c’est vne necessité d’ouurir les yeux à l’esperãce & au salut.
« Quand Arlequin Sauvage est si bien accueilli des Spectateurs, pense-t-on que ce soit par le goût qu’ils prennent pour le sens et la simplicité de ce personnage, et qu’un seul d’entre eux voulût pour cela lui ressembler ? […] Les Spectacles par eux-mêmes ne sont point contraires à la Philosophie ; la seule erreur de M. d’Alembert est peut-être d’avoir proposé de les établir à Genève. […] Les applaudissements que les Auteurs s’efforcent de mériter, sont ordinairement ceux qui peuvent leur rapporter une réputation de bonnes mœurs et de vertu, parce qu’elle est la seule qui donne de la considération. […] Ainsi je ne conçois pas comment dans ces productions d’esprit le bien est nul, et que le seul mal reste. […] Oser dire que les grandes villes ne sont pleines que de scélérats, c’est être soi-même partisans du vice, c’est lui donner le principal attribut de la vertu : elle seule fait le lien des hommes : le crime les désunit : une société qui subsiste, présente nécessairement l’idée d’urbanité et de mœurs : L’oisiveté et la fainéantise se trouvent dans les forêts, le travail et l’industrie dans les villes.