Otez la diversité du langage & celle des habits ; supposez une langue universelle ; la différence que nous cherchons disparoîtra ; les mots s’évanouiront, il ne restera que la nature ; & l’on appercevra dans tous les cœurs l’uniformité des caractères dont elle se sert pour y graver ses penchans & ses passions. […] Car d’avancer que les sentimens qu’il leur prête, que les expressions dont ils se servent, ne conviennent point au caractère de leur Nation, & n’appartiennent qu’à des François, c’est, comme je l’ai déjà dit, & par les raisons que j’en ai apportées, une Censure tout-à-fait injuste. […] Des Poëtes graves & austères, si nous jugeons des mœurs par les écrits, n’ont pas craint d’introduire l’amour dans leurs Ouvrages ; mais il y est si insensé, si furieux, si misérable, que les remords dont il est tourmenté, que les catastrophes qui l’accablent, ne servent qu’à inspirer de la crainte & de l’éloignement pour cette déplorable passion. […] ne servira point à l’Apologie de Racine. […] On condamnera toujours dans le personnage de Mithridate la ruse dont ce Prince se sert pour découvrir le secret de Monime.
La Duchesse, instruire du danger d’être pris que couroit le Comte, lui envoya sa garde qui le sauva, lui donna un appartement dans son palais, le fit servir à ses dépens, eut pour lui les plus grandes attentions, envoyoit tous les matins à son lever un page pour s’informer de sa santé, & un officier prendre ses ordres ; elle fit un voyage à Riga, pour engager son concurrent à ce désister de ses prétentions sur le duché de Courlande, & à Petersbourg, pour calmer la Czarine, & la prier de retirer ses troupes qui s’étoient emparées du duché. […] Cependant ce petit chanoine n’a pas eu le goût d’entrer dans le clergé ; on lui eût bientôt trouvé un gros bénéfice dans quelque église réformée, peut-être même dans celle de Quedlimbourg, par une seconde réformation : il n’en eût pas moins servi dans les armées de son pere, comme sa mere le servoit dans ses amours ; il eût réuni le panache du casque aux cornes du bonnet-quarré. […] Car à quoi servit tout ce bruit, ni au mort, ni aux vivans ?