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41. (1754) Considerations sur l’art du théâtre. D*** à M. Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Geneve « Considérations sur l’art du Théâtre. » pp. 5-82

Nos plus foibles drames ne doivent leur réussite, qu’à ces touchantes images qui rapellent à nos cœurs le sentiment de l’humanité. […] Essayons s’il ne seroit pas possible de découvrir le sentiment que doit exciter en nous l’action que vous prêtez à Titus. […] La haine pour les scélérats n’est pas l’ouvrage de l’Auteur ; c’est un sentiment qu’il ne fait que développer & fortifier en nous. […] La jalousie, ce sentiment odieux, qui produit quelquefois de si funestes effets, est exposée à l’opprobre qu’elle mérite. […] Les spectacles ne disposent point à des sentimens trop tendres : le sentiment de l’amour est dans la nature de notre être : ils épurent ce sentiment ; ils le dirigent vers un but légitime.

42. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre prémier. De la Comédie-Bourgeoise, ou Comique-Larmoyant. » pp. 6-13

Il n’est pas jusqu’aux Comédies Anglaises qui n’inspirent quelquefois un sentiment de tristesse ; en même-tems qu’elles nous éxcitent à rire ; j’en donnerai pour preuve l’Aveugle de Bethnal-Green (1). […] D’ailleurs, il convient beaucoup mieux de n’inspirer qu’un même sentiment aux Spectateurs ; faites leur éprouver ou la douleur ou le plaisir. […] car encore une fois, il n’est guères dans la nature de rire lorsqu’on est affecté de quelque sentiment de douleur ; & il n’est guères possible de s’attrister vivement quand on a sujet d’être joyeux.

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