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290. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Huitième Lettre. De la même. » pp. 100-232

Loin de se déchaîner contre les Spectacles, & de les condamner comme absolument contraires aux mœurs, le Sage de Genève aurait du, ce me semble, travailler plutôt à les innocenter, en prenant la route que je vais tracer, tous les inconvéniens qu’il trouve à établir un Théâtre dans son ingrate & chère Patrie, auraient entièrement disparu. […] La route que l’on prend au Théâtre Français est bien opposée : il semble qu’on ne redoute rien tant que de faire des impressions durables : au lieu de sérieuser nos mœurs, on les frivolise de plus-en-plus : à la suite de Mahomet, ou de l’Ecole-des-Mères, on donne la Coupe-enchantée. […] Que les jeunes Elèves imitent cet Acteur*, dont le jeu, devenu sage & rassis, exprime tout, nuance tout ; qui s’empare de l’âme, la conduit, l’enlève ; mais semble craindre de l’agiter avec rudesse. […] Depuis quelque temps, les deux Théâtres français & italien, semblent suivre une route opposée : le premier a porté la décence jusqu’au scrupule ; le second fait tout le contraire. […] J’ai toujours été blessée, lorsqu’Alphonse, à la fin du troisième Acte d’Inès, après la scène la plus vive, s’écrie : Dans ces affreux momens, je ne me connais pas : de ce que le coup d’archet qui suivait sans intervalle, semblait nous dire : Ne craignez rien, ce n’est qu’une chanson.

291. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre premier.  » pp. 2-36

On auroit du faire le même honneur à Corneille, à Quinault, à Lulli, on le fera à Racine, à Crébillon, & dans la suite immense des siécles au grand Voltaire jusqu’à la fin du monde ; mais il me semble qu’on ne devroit pas prendre leur mort pour époque, il faudroit choisir quelque événement brillant de leur vie : car leur mort n’est pas brillante. […] C’est un recueil d’événemens romanesques, peu vraissemblables, dont le fond est bon, mais le détail licencieux, que le théatre semble lui avoir inspiré ; il veut faire sentir l’influence du théatre sur les mœurs, qui est réellement très-grande ; ou sous des conversations entre trois femmes, où chacun raconte son histoire, comme dans le Décameron de Bocace, ou Septameron de la Reine de Navarre. […] La tragédie des Druides, du sieur Blanc, semble dictée par l’irréligion ; elle fut réfusée par le Censeur des Belles-lettres, renvoyée aux Théologiens pour en juger.

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