Telle était la disposition de l’illustre princesse Anne-Henriette de France, qui disait à une personne qu’elle honorait de sa confiance : « Je vous avoue que, quelque gaie que je sois en allant à la comédie, sitôt que je vois les premiers acteurs paraître sur la scène, je tombe tout à coup dans la plus profonde tristesse. […] Les passions s’y montrent souvent dans toute leur nudité, et ce qui plus est, la Religion catholique y reçoit de nos jours les plus sanglants outrages, le temple du Seigneur et ses chants augustes sont employés à rehausser la scène lubrique : quel sacrilége* ! […] Les ballets sont souvent ce qu’il y a dans la scène de plus répréhensible encore. […] Grâce à l’infâme répertoire de la scène française, on a eu soin de se mettre au courant de la pièce par la lecture et par l’étude, qu’on en a déjà faite avant la représentation.
Le vice ne paraît si souvent sous tant de noms, de couleurs, et de formes différentes, que parce qu’il ne fait que passer des coulisses sur la scène. […] Il vaut mieux les laisser à eux-mêmes se pardonner mutuellement leurs galants exploits, ou s’en faire justice dans quelque scène mordante, et tâcher de sauver de la contagion ce qui reste encore de religion et de vertu dans le monde. […] Elle se réconcilia avec Monchindre Paphetin, revint triomphante sur la scène, et fit passer son mari du grade de Moucheur de chandelles à la haute dignité d’Acteur, qu’il remplit assez mal. […] « Ces valets filous, si subtils de la langue et de la main sur la scène, n’auront-ils jamais dans le besoin de distraction utile, et ne prendront-ils jamais la bourse d’un fils prodigue ou d’un père avare pour celle de Léandre ou d’Argante ?