/ 241
61. (1771) Sermons sur l’Avent pp. 103-172

On n’y remarque point d’idole, à qui l’on offre de l’encens, ny d’autel, où l’on voye couler le sang des victimes. […] On veut que vostre chair sacrée & que vostre sang précieux justifient des œuvres de chair & de sang ! […] Le Danube, & le Rhin rougissent du sang Chrétien. […] Mais, poursuivoit-il, comme si le sein de la terre n’estoit pas assez vaste pour contenir le sang versé en tant de batailles, on se bat encore sur mer ; & la guerre, lassée de marcher, vogue à rames & à voiles.

62. (1702) Lettre de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour. Lettre de Lettres curieuses de littérature et de morale « LETTRE. de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour, qui lui avait demandé quelques réflexions sur les pièces de Théâtre. » pp. 312-410

Ceux qui prétendent qu’il ne faut jamais ensanglanter le Théâtre, ignorent ce que c’est que de l’ensanglanter ; il ne faut jamais y répandre le sang de personne, mais on y peut verser le sien, quand on y est porté par un beau désespoir ; c’était une action consacrée chez les Romains. […] Les Modernes sont beaucoup plus circonspects en cela, que les Anciens, puisqu’Euripide après avoir représenté la perfidie de Jason, et la cruauté de Médée, qui trempa ses mains dans le sang de ses propres enfants, et qui commit encore plusieurs autres crimes abominables, les laisse sur leur bonne foi, au lieu de soulever contre eux les Dieux et les hommes pour les punir. […] Pour exciter ce sentiment dans le cœur du spectateur, il faut que le Poète amène avec art les aventures de son Héros ; et que la perfidie de ceux qui lui sont unis par les liens du sang, de l’amitié, ou de l’amour, le fassent tomber dans le malheur. […] Eschyle, ni Sophocle n’y ont pas regardé de si près ; ils ont représenté Oreste poignardant Clytemnestre sa mère, sur le Théâtre : quelque sujet qu’il eût de la haïr, il n’y a point de raison, qui puisse autoriser un fils à commettre un parricide, et à tremper ses mains dans le sang de sa propre mère. […] Le premier représente Achille, qui remplit l’air de ses cris, et qui se désespère, non pas de la mort de son ami Patrocle, mais de ce que les mouches s’attachaient à son corps, et suçaient le sang de ses plaies.

/ 241