le cœur de la jeunesse est attendri, ou plutôt, amolli comme la cire ; il est prêt à suivre la première impression qu’on lui voudra donner ; tout dépend de la société que le jeune-homme ou la jeune-fille vont trouver en sortant du Spectacle : les honnêtes-gens leur feront chérir l’union sainte du mariage ; une Catin, un Célibataire égoïste, les plongeront dans la débauche.
Bien-tôt ils vous diront que les plus saintes loix, Maîtresses du vil peuple, obéissent aux Rois ; Qu’un Roi n’a d’autre frein que sa volonté même ; Qu’il doit immoler tout à la grandeur suprême ; Qu’aux larmes, au travail le peuple est condamné, Et d’un sceptre de fer veut être gouverné ; Que s’il n’est opprimé tôt ou tard il opprime. […] C’est ici le lieu de remarquer que Racine a fourni pour le Théatre François deux carrières également brillantes ; l’une toute profane, qui nous a valu neuf Tragédies ; l’autre toute sainte, & malheureusement de trop peu de durée, puisqu’elle n’a produit qu’Esther & Athalie.