Les Directeurs de l’Opéra & les Comédiens François, fâchés de perdre cette semaine, se sont avisés de solliciter à la Cour la même faveur ; mais le Roi, loin de répondre favorablement à leur requête, vient de donner une nouvelle preuve de son zèle pour la Religion, & sur-tout dans ce saint temps, en interdisant, même aux Comédiens Italiens, toute représentation pendant ladite semaine. […] Théodose le jeune & Valentinien défendent de représenter aucuns jeux, soit du Théâtre, soit du Cirque, les Dimanches, les jours de Noël, Epiphanie, Pâques, & les cinquante jours jusqu’à la Pentecôte ; les Fêtes des Apôtres, afin, dit la Loi, que le peuple n’étant point distrait dans ces saints jours par des plaisirs profanes, puisse appliquer tout son esprit au service de Dieu : ils soumettent à cette Loi les Payens & les Juifs.
† Sitôt que de ce jour La trompette sacrée annonçoit le retour † Du Temple † orné partout de festons magnifiques † Le Peuple saint † en foule innondoit les Portiques † Nous pourrions peut-être accorder à nos Voisins, que leur Vers non rimé, comme imitant le ton de la conversation, doit être celui de leur Poësie Dramatique ; mais pourquoi veulent-ils qu’il puisse être celui de la Poësie Lyrique & Epique ? […] Il est rapporté dans l’Histoire des Croisades, qu’un Chevalier amoureux de la femme de son voisin, obligé de partir pour la Guerre sainte, y mourut, après avoir ordonné par son Testament que son cœur seroit reporté à celle qui l’avoit toujours possédé. […] Corneille qui mit de l’Amour dans toutes ses Tragédies, même dans les Saintes, même dans Œdippe, ne lui donna pas à la vérité la premiere place, il établit même pour régle qu’il ne devoit occuper que la seconde : en quoi il se trompoit, puisque cette Passion étant froide, quand elle n’est qu’à la seconde Place, il faut ou qu’elle n’en ait aucune dans la Tragédie, ou qu’elle occupe la premiere ; il faut ou qu’elle ne paroisse point ou qu’elle regne.