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284. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. L’Arétin, le Tasse, l’Arioste. » pp. 38-79

Son exil ne le rendit pas plus sage. […] Les étudians de Toulouse donnent souvent ce chagrin à leurs professeurs : mais, en sages maîtres, ils sont plus patiens qu’Arétin, & ne renoncent pas aux profits de leur chaire. […] Ses malheurs ne le rendirent pas sage, même à l’égard du théatre : car il composa douze pieces fort inférieures à l’Aminthe, qui ne réussirent pas. […] Ces jeux déplaisoient infinement à son pere, homme sage, qui vouloit que son fils s’appliquât à des choses utiles.

285. (1685) Dixiéme sermon. Troisiéme obstacle du salut. Les spectacles publiques [Pharaon reprouvé] « La volonté patiente de Dieu envers Pharaon rebelle. Dixiéme sermon. » pp. 286-325

Pharaon appella les Sages & les Magiciens d’Egypte, qui par leurs charmes & leurs enchantemens, firent quelques merveilles semblables aux miracles de Moyse. […] Il est vray que les sages du paganisme avoient fait du theatre une école publique, pour inspirer avec plaisir l’horreur du vice, & l’amour de la vertu : & que les Poëtes qui étoient les Theologiens des Gentils avoient inventés les pieces comiques & tragiques pour une bonne fin ; en effet, ceux qui ont étés les juges plus favorables de leur intention, ont voulu nous persuader que ces autheurs n’avoient pretendus autre chose, sinon de purger la volonté de ses passions dereglées, par la representation de la tragedie, dans laquelle le theatre étoit toûjours ensanglaté par la mort des vicieux, & par le châtiment des coupables ; & de purger l’esprit des opinions erronnées, par la representation des comedies, dans lesquelles on tournoit en ridicule les autheurs de la fausse doctrine, & les maîtres des méchantes opinions : mais comme la poësie qui a été employée à ces sortes d’ouvrages s’est corrompuë parmi les Payens, elle a donné plus de force au vice pour le faire suivre, que de charme à la vertu pour la faire imiter. […] M. s’il vous reste encore dans le cœur quelques sentimens de pieté & de Christianisme, ne laissés point corrompre vôtre jugement par le mauvais goût du siecle, & que le plaisir de la comedie (que j’appelle un plaisir enchanté, parce qu’il vous trompe & entraîne par des prestiges secrets, & par une fascination dangereuse, fascinatio nugacitatis , l’appelle le Sage) que ce plaisir dis-je ne suborne point vôtre raison, cõtre vôtre conscience ; mais que tout le monde connoisse que vous ne cachés point les restes du paganisme, sous la profession apparente de Chrétien. […] Voicy M. si je ne me trompe, ce qui va paroître de plus facheux & de plus incroyable aux sages du monde ; sçavoir, de les convaincre que les bals & les comedies sont veritablement ces œuvres de Satan, & ces pompes du monde ausquelles ils ont renoncez solemnellement par les vœux du Baptême ; cependant il me semble que pour peu qu’ils veulent entendre raison, & écouter les maximes de religion & de conscience, nous serons bien-tôt d’accord. […] Ces Rois qui avoient été mis au rang des dieux, ces tyrans qui ont persecutez si cruellement l’Eglise, & tous ces sages de l’antiquité qui se sont attirez tant d’admirateurs & de disciples ; oüy, considerez-les ensevelis dans des flâmes, pleurans, gemissans, & brûlans sans esperance de voir jamais finir leur supplice, ny éteindre le feu.

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