Il y déplore l’aveuglement des Carthaginois, qui avoient reçu dans leur ville les comédiens qu’Alaric roi des Goths avoit chassés de Rome ; & il appelle la comédie, une peste encore plus pernicieuse que celle des cruels gladiateurs & du cirque où se représentoient tant d’obscénités. […] Nous avons des Edits de nos Rois, nommément du Roi Philippe le Bel, & de Saint Louis, par lesquels tous les comédiens furent chassés du Royaume : & le Parlement de Paris, au seiziéme siècle, rendit plusieurs Arrêts contre eux. […] C’est Dieu qui a fait les Empereurs & les Rois, pour gouverner son peuple ; les sujets & les vassaux, pour leur obéir : il a fait les magistrats & les juges, pour contenir un chacun dans les bornes de son devoir, & pour faire dans l’univers cette admirable variété, qui par une juste subordination fait les douceurs de la société civile, quand elle est bien réglée.
Cambise fils de Cirus, élevé mollement, & pensant bien différemment de son père qui vivoit le plus durement ; Cambise étoit plongé dans les délices, & noyé dans les odeurs ; il envoya une ambassade au Roi des Éthiopiens avec des riches présens, & entr’autre des vases précieux remplis de parfums : le Roi accepta tout le reste, mais refusa les vases ; ils ne sont bons , dit-il, qu’à des femmes, & ne sont propres qu’à rendre efféminés & ma Cour & moi-même . […] Cette Princesse fameuse par sa beauté & par ses galanteries, mariée successivement à deux Rois à qui elle porta la plus riche dot ; au Roi de France qui la répudia, & qui aima mieux perdre une belle province que de vivre avec elle, au Roi d’Angleterre qui la tint quinze ans en prison : cette Princesse passa sa vie dans les fêtes, les jeux, les spectacles, donna elle-même les plus scandaleux, & rapporta en France & en Angleterre le luxe & la galanterie asiatique ; elle faisoit des amans par-tout, jusques chez les Mahométans où l’on prétend qu’elle fut aimée de Saladin, allumant par-tout le feu de la guerre ; en France pour se vanger de la jalousie de Louis, en Angleterre pour se vanger des amours de Henri qui cessa de l’aimer, & lui préféra des maîtresses ; elle arma ses enfans contre leur père, & fit naître une guerre civile ; elle courut de tous côtés : en Syrie poursuivre son mari, disoit-elle, en Allemagne pour délivrer son fils Richard ; deux fois en Espagne pour aller chercher ses belles-filles.