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290. (1742) VIII. Conférence. De la Comédie, contraire aux promesses du Batême [Conférences théologiques et morales, IV] « X. Conference sur les sacremens. » pp. 223-247

Il y déplore l’aveuglement des Carthaginois, qui avoient reçu dans leur ville les comédiens qu’Alaric roi des Goths avoit chassés de Rome ; & il appelle la comédie, une peste encore plus pernicieuse que celle des cruels gladiateurs & du cirque où se représentoient tant d’obscénités. […] Nous avons des Edits de nos Rois, nommément du Roi Philippe le Bel, & de Saint Louis, par lesquels tous les comédiens furent chassés du Royaume : & le Parlement de Paris, au seiziéme siècle, rendit plusieurs Arrêts contre eux. […] C’est Dieu qui a fait les Empereurs & les Rois, pour gouverner son peuple ; les sujets & les vassaux, pour leur obéir : il a fait les magistrats & les juges, pour contenir un chacun dans les bornes de son devoir, & pour faire dans l’univers cette admirable variété, qui par une juste subordination fait les douceurs de la société civile, quand elle est bien réglée.

291. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre I. Des Parfums. » pp. 7-32

Cambise fils de Cirus, élevé mollement, & pensant bien différemment de son père qui vivoit le plus durement ; Cambise étoit plongé dans les délices, & noyé dans les odeurs ; il envoya une ambassade au Roi des Éthiopiens avec des riches présens, & entr’autre des vases précieux remplis de parfums : le Roi accepta tout le reste, mais refusa les vases ; ils ne sont bons , dit-il, qu’à des femmes, & ne sont propres qu’à rendre efféminés & ma Cour & moi-même . […] Cette Princesse fameuse par sa beauté & par ses galanteries, mariée successivement à deux Rois à qui elle porta la plus riche dot ; au Roi de France qui la répudia, & qui aima mieux perdre une belle province que de vivre avec elle, au Roi d’Angleterre qui la tint quinze ans en prison : cette Princesse passa sa vie dans les fêtes, les jeux, les spectacles, donna elle-même les plus scandaleux, & rapporta en France & en Angleterre le luxe & la galanterie asiatique ; elle faisoit des amans par-tout, jusques chez les Mahométans où l’on prétend qu’elle fut aimée de Saladin, allumant par-tout le feu de la guerre ; en France pour se vanger de la jalousie de Louis, en Angleterre pour se vanger des amours de Henri qui cessa de l’aimer, & lui préféra des maîtresses ; elle arma ses enfans contre leur père, & fit naître une guerre civile ; elle courut de tous côtés : en Syrie poursuivre son mari, disoit-elle, en Allemagne pour délivrer son fils Richard ; deux fois en Espagne pour aller chercher ses belles-filles.

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