Moral. q. 11. raisonne ainsi : « C’est commettre un péché mortel, que de prendre plaisir à une action qui est péché mortel, ou qui ne se peut faire sans péché mortel ; or les Comédies ne peuvent se représenter sans péché mortel. […] La troisième est, qu’il n’y a pas plus de mal à voir représenter des Comédies qu’à les lire. 1°. […] Pour combattre une entreprise si téméraire, il examine la vie des Comédiens, la matière et le but des Comédies, les effets qu’elles produisent d’ordinaire dans l’esprit de ceux qui les représentent, ou qui les voient représenter ; et il compare ensuite tout cela avec la vie, les sentiments et les devoirs d’un véritable Chrétien. Il attaque d’abord les Pièces des Poètes qui introduisent les Saints et les Saintes sur le Théâtre, et qui pour les rendre agréables, ont représenté la dévotion de ces Saints de Théâtre toujours un peu galante. […] Il rapporte pour exemple les vers suivants, où la rage de la sœur d’Horace est représentée.
Saint Charles qui ne pouvant détruire les Théâtres, obtint qu’on les rendit moins dangereux, ne voulut jamais souffrir qu’on représentât des Histoires saintes et le savant et pieux Mariana Jésuite écrivit pour l’Espagne, qu’il valait encore mieux permettre aux Comédiens des sujets profanes, que de souffrir qu’ils en représentassent de saints. […] Il vaut mieux voir la cause de cette altération bien représentée dans l’endroit de saint Julien Pomère, dont nous lirons au moins quelques lignes. […] » Et les Chrétiens ne s’attireront-ils pas les reproches que faisait Arnobe aux Païens, de ce qu’ils laissaient représenter leurs Dieux à des personnes destinées aux divertissements publics, n’est-ce pas assez qu’on souffre les Comédiens, faut-il même que les Comédiens osent représenter les Histoires les plus saintes, et que pour divertir le monde on mêle dans ces Histoires des plaisanteries et des fictions Advers. gent. […] » Qui ne serait touché, ou plutôt qui ne serait indigné de voir que pour empêcher qu’on ne parle contre la Comédie, on croit qu’on n’a qu’à faire représenter de temps en temps des sujets saints. […] » On voit bien par ces raisons qui firent abolir ces jeux, qu’elles subsistent à l’égard de toutes sortes de sujets qu’on pourrait représenter sur le Théâtre.