Cette Jeunesse, pourrait être préparée, dès l’enfance, aux Représentations Dramatiques, en même-temps qu’on interdirait, sous les peines les plus sévères, cette occupation à tous les Citoyens nés légitimes. […] On pourrait, chaque année, élever dans la cour du Collège un Théâtre, où les Elèves donneraient des Représentations publiques de Comédies & de Tragédies : ces Représentations dureraient jusqu’à ce que tous les jeunes Acteurs & les jeunes Actrices eussent passé en revue. […] Tous les jours quatre Elèves des deux sexes assisteront aux Représentations publiques ; les Filles à l’Amphithéâtre, les Garsons au Parterre, afin qu’ils soient à portée de mieux voir, de mieux entendre, & de mieux connaître le goût & le sentiment du Public : ils rejoindront, en sortant, le Gouverneur & la Gouvernante qui les auront amenés. […] Après chaque Représentation, l’Actrice qui aura fait le principal Rôle, quittera ses habits de Théâtre, déposera tout ce qui pouvait l’embellir, & viendra sur le Théâtre avec des haillons de bure, en sabots, gros linge, &c. elle demeurera dans cet état debout sur le devant de la Scène jusqu’à ce que la petite Pièce commence. […] Mais ce nouveau Plan, que je viens de présenter, outre qu’il ne produirait pas l’avantage le plus précieux qu’on a lieu d’attendre de la Représentation par les Acteurs-Citoyens, aurait de plus mille inconvéniens, qui résulteront de l’avilissement nécessaire de Comédiens serviles.
La représentation étant essentielle à la Comédie, donne donc aux vérités qu’elle renferme un degré de force, que n’auroient point les mêmes vérités dénuées du secours de la représentation.