« Si on haïssait sa propre injustice, on aurait horreur de tout ce qui la représente, et l’on regarderait comme ses ennemis tous ceux qui s’efforceraient de nous la faire paraître aimable : mais on ne veut point guérir, et l’on veut néanmoins sentir de la joie. […] « Il n’y a donc rien de plus dangereux, quand il s’agit des mœurs, que de chercher à voir ce qu’on ne veut pas être ; car on devient aisément ce qu’on regarde avec plaisir, puisque c’est le plaisir qui attire le cœur, et qu’il est impossible qu’il n’approuve pas ce qu’il goûte avec joie. […] On y apprend à juger toutes choses par les sens, à ne regarder comme bien que ce qui les satisfait.
Si l’on haïssait sa propre injustice, on aurait horreur de tout ce qui la représente, et l’on regarderait comme ses ennemis tous ceux qui s’efforceraient de nous la faire paraître aimable ; mais on ne veut point guérir, et l’on veut néanmoins sentir de la joie. […] Il n’y a donc rien de plus dangereux, quand il s’agit des mœurs, que de vouloir voir ce qu’on ne veut pas être : car on devient aisément ce qu’on regarde avec plaisir, puisque c’est le plaisir qui tourne le cœur ; et qu’il est impossible qu’il n’approuve pas ce qu’il goûte avec joie, et qu’il soit autrement disposé que ce qu’il aime. […] On y apprend à juger de toutes choses par les sens, à ne regarder comme bien que ce qui les satisfait, et à ne considérer comme subsistant et réel que ce qui les frappe.