Elles avoient dans leur voyage dansé, chanté, fait l’amour, donné par tout des fêtes brillantes, des ballets, des mascarades, des comédies, moins bonnes sans doute que celles de Moliere, mais les meilleures du temps : c’étoit leur exercice ordinaire, & la belle éducation qu’elles avoient reçue par les soins de la Reine, qui vouloit les faire monter avec honneur sur la scene. […] De là vraisemblablement est venue par une galanterie renversée, presqu’aussi dangéreuse, la coûtume dans les grands repas de faire servir les Dames par des Cavaliers, qui rodent au-tour d’une table, font auprès d’elles mille folies, & reçoivent en récompense par leurs mains, comme une faveur, quelque portion de ce qu’on a servi. […] Personne ne la crut ; elle avoit été suspecte à tous les partis, elle ne reçut point les derniers sacremens, & donna pour dernier conseil à son fils, qu’il n’eût garde de suivre, d’accorder à tous ses Sujets la liberté de conscience.
« Qu’on mette, dit-il, pour voir, sur la scène Française, un homme droit et vertueux, mais simple et grossier… qu’on y mette un sage sans préjugés qui, ayant reçu un affront d’un spadassin, refuse de s’aller faire égorger par l’offenseur ; et qu’on emploie tout l’art du théâtre pour rendre ces personnages intéressants, comme Le Cid, au peuple Français, j’aurai tort si l’on réussit. […] Le peuple aussi bien disposé, c’est-à-dire, au moins avec ce goût général de la vertu, et cette aversion pour le vice, qui préparent le cœur humain à recevoir les impressions de l’une, et à repousser les atteintes de l’autre, quand la vertu lui est présentée avec ses charmes, et le crime avec son horreur. […] « Si les deux sexes avaient également fait et reçu les avances, le plus doux de tous les sentiments eût à peine effleuré le cœur humain, et son objet eût été mal rempli. […] Estime, respect, confiance, vif intérêt, tendre penchant, voilà ce qui lui reste de l’impression qu’il a reçue ; et le besoin d’aimer n’est ici que le désir impatient de posséder l’objet réel dont on vient d’adorer l’image. […] Ce n’est point le cœur qui mène à la débauche, et c’est le cœur, le cœur lui seul, qui reçoit les douces émotions d’un amour tendre et vertueux.