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372. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE II. Anecdotes de Théatre.  » pp. 41-71

Sans entrer dans la raison des ces deux partis contraires, je voudrois les juger sur les progrès que la nation a fait dans la vertu depuis 25 ans que Voltaire, leur oracle, s’est avisé d’indiquer la nouvelle école dans les vieux jeux de paume, devenus, des salles de spectacle. […] Les actrices en ont, & elles en fournissent de bonnes raisons, leurs maris ne sont point en reste avec elles. […] C’est le Régistre de la Cour de Paphos, & des Tribunaux des Dames du tems des Trouvadours ; le Marquis, comme de raison, y obtint d’une voix unanime le dégré de Docteur in utroque. […] L’Empereur fut frappé de cette réponse : on le vit rougir & pâlir, il prit enfin son parti en homme d’esprit : vous avez raison, s’écria-t-il, son élévation n’est aussi qu’une comédie. […] Combien de gens d’une famille honnête, à plus forte raison d’une maison distinguée, seroient heureux de faire ces réflexions, & de pouvoir effacer si facilement l’infamie de leur intrigue, & quelque fois des mariages aussi honteusement contractés avec de pareilles femmes.

373. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre V. Du Faste. » pp. 154-183

Mais passer les bornes de cette gradation, aspirer à tout ce qui est de plus brillant, prodiguer les bijoux pour en faire un fastueux étalage, en nourrir sa vanité, se repaître de cette grandeur imaginaire, s’en croire fort supérieur à ses semblables, en prendre droit de les mépriser, de les opprimer, d’en exiger des adorations & des bassesses ; c’est un orgueil & une tyrannie contre laquelle la Religion, la raison, l’humanité ont toujours réclamé, & qu’aucun prétexte n’autorise. […] Sa raison s’égare, elle tombe dans l’ivresse, la vertu la plus ferme succombe sous la douceur du plaisir, on est sans défense & criminel sans presque s’en être apperçu ; se posséde-t-on, se connoît-on dans ce moment de délire ? […] Renaudot sur le père de la Gazette, il a eu la postérité la plus nombreuse dans le nombre infini de feuilles périodiques qui sont comme les branches de cet arbre ; ces conférences en étoient une où il traitoit régulièrement quelque question : dans la conférence 103 il fait l’apologie du fard pour plaïre aux femmes, ce sont les malades les plus utiles, elles le sont fréquemment, leurs maladies sont légères ; il faut plus d’amusement que de science, un Médecin gazetier est le meilleur hypocrate, il prétend prouver que l’usage du fard est légitime, il dit quelque raison pour le condamner, mais si foiblement qu’on voit qu’il n’a pas voulu que soigner les malades : on jugera par ses raisons du caractère de son esprit, & de celui de son siècle. […] condamne avec tous les Auteurs, comme un péché, l’usage & la vanité du fard par les raisons ordinaires & les passages de l’Écriture & des Pères que nous avons cités ; il en ajoute qui lui sont propres, que nous allons examiner.

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