Qu’on ait donc grand soin de n’admettre aucune piece, je ne dis pas grossierement licencieuse, mais efféminée, qui ne soit dans la règle des mœurs ; qu’on ne se charge pas d’un rôle vicieux, que le vice soit toujours puni, qu’on quitte absolument le théatre, pour ne pas perdre les autres & soi-même. […] des gens curieux, légers & frivoles, qui veulent tout voir, excepté eux-mêmes ; des gens oisifs & paresseux, dont l’unique occupation est de ne rien faire, l’unique soin de n’avoir aucun soin, passant du lit à la table, de la table au jeu, du jeu au spectacle, sans discernement & sans goût ; des gens accablés d’affaires, qui comme dans un port après l’orage vont à la comédie se délasser ; des gens fatigués de querelles domestiques, qui vont s’y consoler ; des gens sans caractère, esclaves de la coutume, qui y suivent la mode & la foule ; de vrais libertins, qui veulent satisfaire leur goût pour le vice, & repaître leurs yeux & leur imagination d’objets impurs ; des jeunes gens, qui sous les drapeaux de la galanterie courent apprendre le rôle, le langage & les maximes de l’amour, & s’enfoncer de plus en plus dans le bourbier de la corruption.
Je ne parle pas des défenses faites depuis les premiers Empereurs Chrétiens, et cent fois renouvelées par les ordonnances de nos Rois et les arrêts des Parlements, de jamais porter des habits ou introduire sur le théâtre des rôles ecclésiastiques ou religieux : le respect pour les lois et la religion est inconnu au théâtre. […] Ainsi tout ce qu'on nous prêche n'est qu'un jeu, un fanatisme, un rôle de théâtre.